Dans ce livre stimulant, Hervé Sérieyx, vice-président de France bénévolat, et Michel Vakouloulis, sociologue politique, plaident pour un rééquilibrage des pouvoirs en entreprise et son ouverture vers la société civile. « La machine à décider des organisations privées et publiques se grippe de plus en plus. Les injonctions prises en haut, l’impossibilité pour les salariés de remettre en cause les décisions ne fonctionnent plus », constatent-ils. Un peu dans l’esprit d’Edgar Morin, les auteurs développent ici un modèle en réseau « ouvert vers la co-construction de biens communs » sur un territoire. Chefs d’entreprise et salariés pourraient s’associer pour développer l’insertion des jeunes (bénévolat de compétences) ou dynamiser l’économie d’un territoire (Hervé Sérieyx évoque notamment la réussite du fameux « made in Bretagne »). L’ouvrage peut s’entendre comme un plaidoyer pour une gouvernance élargie, plus horizontale. Mais il est aussi critique sur la volonté des dirigeants d’entreprise d’en finir « avec ce modèle vertical ». Entrecoupé de témoignages de DRH, de cadres ou de syndicalistes, le livre interroge la perte de crédibilité du management, qui n’a pas son mot à dire sur les orientations de l’entreprise. « Comment peut-elle mobiliser les énergies et les intelligences en l’absence d’un projet partagé ? », questionnent les auteurs. S’ils apportent peu de réponses nouvelles (autonomie du management), ils campent très bien les enjeux du renouveau des syndicats, vu comme un contre-pouvoir nécessaire. Et ils questionnent notamment leur capacité à « remettre la finalité de la gouvernance d’entreprise au cœur du débat ».