Du krach de 1929 à aujourd’hui, ce bref ouvrage de deux économistes de l’université de Dauphine apporte un recul éclairant sur les ambiguïtés de l’économie américaine. « Comment un pays capable de produire un quart du PIB mondial et d’afficher un taux record de productivité au travail est-t-il devenu l’un des pays où les inégalités sociales sont devenues criantes ? », s’interrogent les chercheurs. Passant en revue la politique monétaire, l’évolution des emplois, les salaires et les conditions sociales, ils s’inquiètent « des signes de régression sociale qui se multiplient depuis une vingtaine d’années » aux États-Unis. Le livre montre, chiffres à l’appui, certains problèmes connus, comme la protection sociale a minima du fédéralisme américain, l’augmentation des inégalités entre hauts et bas salaires ou la polarisation des emplois due au passage à une économie de services. Lesquels, selon les auteurs, créent plus d’emplois en bas de l’échelle que dans l’ingénierie ou les nouvelles technologies ! Le livre offre une analyse très claire de la crise des subprimes de 2008, montrant que, malgré un taux de chômage revenu à 4 %, le pays reste vulnérable. Un livre de réflexion politique remarquablement bien documenté, qui interroge le déclassement des classes moyennes américaines ou l’absence de politique pour accompagner les transitions de l’emploi.