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États-Unis : Walmart augmente les salaires grâce aux baisses d’impôts

L’actualité | publié le : 05.02.2018 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Walmart augmente les salaires grâce aux baisses d’impôts

Crédit photo Caroline Crosdale

La direction du géant de la distribution, plus grand employeur sur le sol de l’Oncle Sam, relève son minimum horaire. La mesure est largement financée par les allégements d’impôts du gouvernement de Donald Trump.

La direction des hypermarchés Walmart a récemment annoncé une batterie de mesures qui vont augmenter le coût de sa force de travail : hausse de son salaire d’embauche de 9 dollars à 11 dollars, extension des congés payés à dix semaines pour les nouvelles mères et six semaines pour les pères, et finalement un bonus variable en fonction de l’ancienneté.

Walmart, avec son 1,5 million de salariés aux États-Unis, est le plus gros employeur du pays. Et il a promis une prime de 1 000 dollars à tout membre de la compagnie atteignant vingt ans de service. Doug McMillon, le dirigeant du groupe, a invoqué la réforme des impôts, paraphée par le président Donald Trump le 22 décembre dernier, pour justifier son geste. Le président, soutenu par les élus Républicains, a réduit l’imposition des sociétés de 35 % à 21 %. Ce qui, couplé aux baisses des impôts sur les revenus, doit entraîner une chute des taxes de 1,5 trillion de dollars en dix ans. Le tenant de la Maison-Blanche assure que la réforme encourage les créations d’emplois. Elle ne bénéficie pas seulement aux classes aisées mais aussi aux employés au bas de l’échelle. « La loi améliore la vie des gens », s’est ainsi félicité Paul Ryan, le speaker Républicain de la Chambre des représentants.

Théorie du ruissellement

Le Council of Economic Advisers, qui conseille le président, s’appuie sur la théorie du ruissellement. Son pari : grâce aux baisses d’impôts, les entreprises vont économiser beaucoup, et elles en feront profiter leurs troupes. L’argent ruissellera de haut en bas. Pour Walmart, les experts de l’Institute on Taxation and Economic Policy évoquent un allégement annuel de 2,2 milliards de dollars. Ce qui justifie certaines largesses vis-à-vis des « associés ». Le nouveau minimum horaire et les bonus vont coûter 700 millions de dollars, selon les calculs de Walmart. Cet investissement dans la force de travail est « bénéfique sur de multiples fronts, se félicite l’analyste Charlie O’Shea, expert en commerce de l’agence de notations Moody’s Investors. Cela réduit le turnover du personnel et améliore l’expérience de la clientèle en magasin. Dans le contexte actuel, c’est essentiel pour les grandes surfaces ».

Du côté syndical, les représentants de United Food and Commercial Workers International se montrent beaucoup plus réservés. Cette hausse des salaires n’est « qu’un coup de pub », disent-ils. L’effort de redistribution en faveur des petites mains de Walmart est en effet relativement modeste. Le nouveau minimum horaire impactera tout juste un dixième des employés et il pèse peu face aux 4 milliards de dollars que Walmart s’est engagé à dépenser pour racheter ses propres actions en bourse.

Pire encore, lorsque Walmart a annoncé les tenants de sa nouvelle politique salariale, le groupe de Bentonville (Arkansas) a dévoilé un plan de suppression d’emplois. Mille postes vont disparaître au siège social et 10 000 emplois seront supprimés dans la filiale Sam’s Club.

La politique du ruissellement n’est peut-être finalement pas si généreuse. Il n’empêche. Elle a inspiré plus d’une centaine de patrons américains. C’est ainsi que Fiat Chrysler, ATT, Southwest Airlines, American Airlines, Comcast… ont promis un bonus ponctuel de 1 000 dollars ou plus. Mieux encore, quelques-uns se sont engagés sur le long terme. La banque JPMorgan Chase propose un minimum horaire de 15 à 18 dollars et l’embauche de 4 000 personnes. Les cafés Starbucks offrent plusieurs jours de congés payés pour s’occuper des malades de la famille. Apple va créer 20 000 emplois et la banque régionale Fifth Third fait grimper son minimum à 15 dollars.

Leur message : les riches actionnaires et les cadres supérieurs ne sont pas les seuls bénéficiaires de la réforme des impôts, les petites gens en profitent aussi. Mais les sceptiques ne sont pas convaincus. Pour Mark Zandi, l’économiste en chef de Moody’s Analytics, le lien de cause à effet entre allégements des taxes et hausse des minimums est ténu. Les entreprises, croit-il, mettent la barre plus haut, parce que le marché du travail est « tendu ». Avec un chômage à 4,1 %, les petites annonces à 9 dollars de l’heure ne trouvent guère preneur.

Auteur

  • Caroline Crosdale