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Les pratiques

Emploi : La fonction publique Luxembourgeoise s’entrouve aux étrangers

Les pratiques | publié le : 29.01.2018 | Pascale Braun

Confronté à des difficultés de recrutement, le Grand-Duché envisage d’ouvrir de nouveaux postes de fonctionnaires et d’employés de l’État à des ressortissants de l’Union européenne. Bien payés, ces postes restent réservés aux candidats trilingues.

Avancée fin 2017 par Dan Kersch, ministre de la Fonction publique luxembourgeoise, l’hypothèse d’une ouverture accrue des postes de fonctionnaires et d’employés de l’État à des candidats ne possédant pas la nationalité grand-ducale constitue un sujet sensible dans ce petit pays de presque 600 000 habitants. La population active se compose de 47 % d’étrangers et l’État peine à recruter ses ressortissants pour ses propres besoins. Il devra sans doute recourir à la main-d’œuvre étrangère pour pourvoir une partie des 1 200 postes supplémentaires ouverts en 2018.

« Depuis 2009, notre fonction publique est ouverte aux ressortissants de pays européens. Nous avons signé des accords sur la question, mais nous estimons qu’à l’avenir, l’État doit être en mesure d’assumer tous ses postes », estime Max Lemmer, porte-parole de la Confédération générale de la fonction publique. Les étrangers occupent déjà 8 % des 25 500 postes de fonctionnaires et d’employés de l’État. Seuls les métiers relevant de la puissance souveraine (l’armée, la police, l’administration fiscale et la magistrature) leur sont aujourd’hui fermés. Le ministère luxembourgeois de la Fonction publique se montre peu disert quant à la répartition de ses agents étrangers, mentionnant simplement leur présence dans les métiers de l’informatique, de l’entretien forestier ou du nettoyage. Les nationalités les plus représentées sont dans l’ordre les Portugais, les Allemands, les Français, les Belges et les Italiens.

Des salaires alléchants

L’ouverture de nouveaux postes intéresse tout particulièrement les travailleurs frontaliers français, belges et allemands, soit 180 000 personnes déjà familiarisées avec la langue et la culture du pays. L’État n’a encore donné aucune indication sur ses intentions, mais une partie des 567 postes créés dans l’enseignement pourrait leur échoir. La perspective est d’autant plus intéressante que les salaires sont alléchants : un enseignant luxembourgeois débute à 4 000 euros par mois et atteint, en 25 ans de carrière, un revenu annuel de 127 000 euros. Une infirmière présentant huit ans d’ancienneté peut espérer percevoir 4 500 euros nets par mois. Tous métiers confondus, les salaires d’entrée dans la fonction publique luxembourgeoise s’échelonnent entre 2 819 euros et 8 042 euros, auxquels s’ajoutent plusieurs primes parfois automatiques.

Accessibles sur concours, ces postes supposent également la connaissance des trois langues administratives et judiciaires du Grand-Duché – le français, l’allemand et le luxembourgeois, qui est la langue officielle du pays. « Les langues constituent une barrière naturelle, mais les frontaliers, qui font déjà largement la preuve de leur motivation et de leur volonté d’intégration, sont prêts à la surmonter. Ils voient dans la possibilité d’accéder à la fonction publique, jusqu’ici si cloisonnée, une excellente nouvelle », assure Pascal Peuvrel, avocat et président de l’Association des frontaliers au Luxembourg. L’association organise depuis le début de la décennie des cours très prisés de luxembourgeois. La perspective d’emplois publics stables et bien rémunérés devrait augmenter encore cette appétence, en dépit des contraintes inhérentes au travail frontalier. Au Luxembourg, le temps de travail est resté à 8 heures par jour et 40 heures par semaine. Le coût de la vie est élevé et l’accès au lieu de travail s’avère éprouvant, entre trains bondés et embouteillages commençant dès 5 heures du matin. Enfin, la pénurie de main-d’œuvre n’ouvre pas nécessairement un boulevard aux étrangers : pour l’heure, les postes de la fonction publique s’attribuent dans un entre-soi jalousement préservé.

Des offres très discrètes

Les grands sites d’emploi transfrontalier, tels Moovijob, ne publient que rarement des offres de la fonction publique, tant les recrutements s’effectuent en milieu fermé. Le nouveau site www.govjobs.public.lu en recense une partie. Dans une grande majorité des cas, la nationalité luxembourgeoise est obligatoire. Les indemnités et traitements sont consultables sur le site www.fonction-publique.public.lu

Auteur

  • Pascale Braun