logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 29.01.2018 | Denis Monneuse

Image

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Quand la RH est au top

La présence des DRH au sein des comités exécutifs (comex) ou comités de direction (codir) a beaucoup fait débat depuis les années 1990. D’un côté, les DRH et leurs alliés disaient qu’il était important qu’ils fassent pleinement partie de ces organes de direction afin d’avoir plus de pouvoir et de légitimité. L’idée était aussi que la présence du DRH dans le premier cercle de direction permettait d’évangéliser les autres dirigeants en les sensibilisant à des problématiques humaines. Par exemple, cela permettrait de mieux prendre en compte le facteur humain lors d’un grand projet de transformation de l’entreprise.

De l’autre côté,

certains observateurs se montraient plus sceptiques, considérant cette vision quelque peu naïve. En effet, il ne suffit pas d’être membre du comex pour peser sur les décisions stratégiques prises par l’entreprise. La présence du DRH peut n’être que symbolique, pour donner des gages aux syndicats par exemple, quand il n’est présent qu’à titre d’auditeur libre, sans voix au chapitre, afin d’enregistrer et de tirer les conséquences des décisions stratégiques prises par les autres dirigeants dont la parole compte plus.

Aujourd’hui,

alors que la plupart des DRH sont désormais membres des codir et comex de leur entreprise, la question se déplace d’un cran : ne faudrait-il pas qu’il y ait un ou deux experts RH encore plus haut, c’est-à-dire au sein des conseils d’administration, siégeant ainsi aux côtés de patrons, d’administrateurs indépendants et autres experts qualifiés ?

Frank Mullins,

chercheur à l’université d’Alabama à Huntsville, a observé les entreprises où une expertise RH était représentée au sein d’un conseil d’administration et s’est demandé si cette présence RH avait une influence sur la politique de l’entreprise, en particulier sur la mise en place d’une politique en faveur de la diversité. Il vient de publier les conclusions de son étude dans la revue Human Resource Management(1). À partir d’un échantillon de 423 entreprises américaines cotées en Bourse au sein de l’indice S& P 500 (les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses américaines) entre 2002 et 2006, Frank Mullins démontre que les entreprises qui bénéficient d’une expertise RH au sein de leur conseil d’administration s’intéressent davantage au management de la diversité que les entreprises sans expertise RH à leur tête. Autrement dit, la présence d’experts RH à la tête de l’entreprise n’est pas nulle. Toutefois, cette influence est plus ou moins forte suivant le type d’entreprise. Elle est forte quand l’entreprise est jeune et d’une faible intensité capitalistique(2), elle est plus faible quand l’entreprise est plus ancienne et d’une forte intensité capitalistique.

Bref,

maintenant que la plupart des DRH ont intégré la direction générale, la nouvelle frontière des RH est la nomination d’administrateurs indépendants experts en RH.

1) Mullins, F. HR on board ! The implications of human resource expertise on boards of directors for diversity management. Human Resource Management, 2018.

2) L’intensité capitalistique se définit par le ratio des capitaux engagés par rapport au chiffre d’affaires, c’est-à-dire la nécessité d’investissements lourds sur le long terme. Par exemple, les industries lourdes comme l’automobile et les chantiers navals sont à forte intensité capitalistique alors que la restauration rapide ou les cabinets de conseil sont à faible intensité capitalistique.

Auteur

  • Denis Monneuse