logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le fait de la semaine

Formation : La Fest est-elle une simple formalisation de pratiques existantes ?

Le fait de la semaine | publié le : 22.01.2018 | Irène Lopez

À côté du stage et de la FOAD (formation ouverte et à distance), la Fest (formation en situation de travail) apparaît comme une troisième modalité de formation. Le dispositif reconnaît le travail comme un environnement d’apprentissage. En quoi se différencie-t-il de ce qui se pratique déjà « sur le tas » ?

Et si la formation professionnelle trouvait sa voie dans les apprentissages en situation de travail ? Cette hypothèse pourrait devenir réalité grâce à la Fest. La formation en situation de travail a fait ses premiers pas dans le monde du travail pour offrir de nouvelles compétences aux salariés ou aux futurs collaborateurs. Or l’idée n’est pas récente car elle est déjà exploitée à travers le tutorat ou la formation sur le tas. À l’instar de Monsieur Jourdain, pratiquions-nous déjà la Fest avant sa mise en œuvre officielle ?

Dans l’acronyme figure bien le terme formation, autrement dit apprentissage. Le fait que ce soit en situation de travail fait bien référence à l’abolition entre lieu de formation et lieu de production. Jusque-là, pas de différence. La nouveauté réside dans sa formalisation. Apprendre sur le tas, être tutoré, c’est bien. Encore faut-il que cela corresponde à un besoin de l’entreprise et que l’apprentissage puisse être prouvé. En quatre mots : il faut un cadre !

Formation certifiée

Les Compagnons bâtisseurs Ile-de-France participent au projet expérimental autour de la Fest. Leur objectif était de former des animateurs techniques, un poste à poly-compétences intégrées : pédagogiques, sociales et techniques. Stéphanie Kirmiz, responsable formation de l’Association nationale des compagnons bâtisseurs, explique : « La Fest nous a permis de cristalliser des techniques d’accompagnement qui nous sont propres. Pour cela, nous avons travaillé sur l’ingénierie d’outils de travail et d’évaluation afin de tracer le parcours de l’apprenant. Ainsi, notre objectif à terme est que cette formation soit certifiée afin de pouvoir la déployer au niveau national. »

Née de la volonté de créer un nouvel outil de formation adapté aux besoins et aux pratiques des entreprises, la formation en situation de travail implique un encadrement pédagogique. Pour cela, il est nommé un référent en charge de suivre le parcours de l’apprenant et d’apprécier l’évolution de ses compétences. Comme pour tous les outils de formation, la Fest se dote également d’un protocole individuel de formation avec la mise en place d’un planning d’apprentissage et des horaires consacrés définis en amont. En outre, une traçabilité de la formation doit exister pour prouver son existence.

Référent et protocole

Attention, cependant, à l’usine à gaz, prévient Marc Dennery, sociologue et auteur de nombreux ouvrages et articles sur la formation, sur son blog C-Campus : « Pour que la Fest devienne une réalité au sein des entreprises, il faudra à tout prix faire simple. Si on veut éviter un demi-succès comme pour la VAE (validation des acquis de l’expérience), il faudra éloigner toute tentation bureaucratique. » Il conclut, optimiste : « Cela est parfaitement évitable car, à bien analyser ce que pourrait être la Fest, il suffirait d’un référent formé et/ou habilité à réaliser de la formation en situation de travail, d’un protocole individuel de formation intégrant un positionnement amont, un itinéraire pédagogique planifié et les conditions de réalisation de la formation, et d’une évaluation en aval pour avoir la preuve qu’une formation de qualité a bien eu lieu au poste de travail. »

La Fest

Depuis fin 2015, le Copanef (Comité interprofessionnel pour l’emploi et la formation) et la DGEFP (Direction générale à l’emploi et à la formation professionnelle), avec le soutien et le financement du FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels), ont impulsé une dynamique de changement pour permettre l’émergence et la formalisation de formations en situations de travail (Fest). Ces formations, situées au sein de l’entreprise, sont articulées aux situations de production, mais dotées d’une intentionnalité et de modalités pédagogiques qu’il s’agit de caractériser. Fin 2017, 21 projets menés par 11 Opca (Organismes paritaires collecteurs agréés) sont arrivés à leur terme, ce qui va permettre de tirer un premier bilan d’une approche qui peut favoriser le développement de compétences et l’accès à la certification des salariés qui bénéficiaient peu de la formation.

Auteur

  • Irène Lopez