logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

International : Les entreprises canadiennes optent pour la diversité

L’actualité | publié le : 15.01.2018 | Ludovic Hirtzmann

Au Canada, l’emploi de travailleurs issus de minorités est perçu comme une force, notamment dans les banques où embaucher des employés originaires de différentes origines ethniques permet de gagner des parts de marché auprès de la clientèle immigrante.

Tout commence à la Banque de Montréal, dans le quartier des affaires de la plus grande ville du Québec. Un distributeur automatique de l’établissement propose au client d’effectuer ses opérations en trois langues. En chinois tout d’abord, puis en anglais et, enfin, en français, relégué dans un coin du distributeur. Dans l’agence de la Banque de Montréal toute proche, les employés sont d’origine européenne, mais aussi indienne et asiatique. La clientèle, elle, est en bonne partie chinoise. Rien d’exceptionnel. « Nous employons des gens du plus de nationalités possibles dans une agence afin d’être capable de leur parler dans leur langue et de les fidéliser comme clients », explique ce cadre supérieur de la banque Toronto Dominion. Même son de cloche à la Banque nationale du Canada qui, citée comme une entreprise modèle en matière de diversité, a même créé un poste de gestionnaire de la diversité, chargé de s’assurer que les différentes minorités, ethniques, sexuelles, sont bien représentées. Si les études menées dans le secteur privé sont contradictoires et les chiffres réels difficiles à obtenir, les banques canadiennes emploieraient près de 20 % de « minorités visibles ». Le pays est si multiculturel qu’il a segmenté sa population. Il y a d’une part les minorités visibles, les personnes dont la peau n’est pas blanche, d’autre part les minorités ethniques, des Blancs européens pour l’essentiel (Italiens, Portugais, etc.) et, enfin, les Canadiens de souche. Il y a trente ans, les minorités visibles constituaient 5 % de la population du Canada. Elles en forment aujourd’hui plus de 20 %. Le Canada, qui compte le plus fort pourcentage d’immigrants légaux dans le G7, a donc dû adapter ses politiques d’entreprise à la diversité ethnique et c’est plutôt une réussite.

La diversité est perçue comme un élément positif dans l’entreprise. Au point que le très multiculturaliste Premier ministre Justin Trudeau a encore axé son traditionnel message de Noël sur ce thème. « La diversité fait notre force », a dit le chef du gouvernement le soir de Noël. Comme le rappelait l’ex-ministre des Affaires étrangères canadien, Stéphane Dion, le 22 septembre dernier, lors d’un discours à Bruxelles : « Au Canada, les immigrants de première et deuxième générations forment maintenant près de 40 % de la population et plus des deux tiers à Vancouver et Toronto (…) Les travailleurs dont nos économies ont besoin viennent de plus en plus d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Amérique latine », avant d’ajouter : « La diversité est là et le sera de plus en plus. » Toyota Canada, qui emploie plus de 8 300 Canadiens, réalise des séminaires de quatre jours sur les différents aspects de la diversité pour ses managers. Les autorités québécoises ont pris des mesures pour lutter contre la discrimination lors de l’embauche. Ainsi, à la Société des transports de Montréal, qui gère le métro et les bus montréalais, 25 % des embauches d’agents et de chauffeurs doivent provenir des minorités ethnoculturelles.

Le revers de la médaille

Si la lutte contre la discrimination est une réussite, elle a ses limites. Ainsi au Québec. Si les autorités québécoises « draguent » les candidats français à l’immigration jusque dans l’Hexagone pour pallier une démographie défaillante et maintenir la langue française, menacée à la fois par les États-Unis et surtout par un Canada francophobe, nos compatriotes ne sont pas toujours bien perçus dans le monde du travail de la Belle Province. « J’embauche des Français. Ils sont très bien formés, souvent mieux que les Québécois. Mais ils sont parfois hautains, moins toutefois que ceux qui immigraient ici dans les années 1960 et 1970 », confie ce directeur d’un centre d’aide à la création d’entreprise de Montréal. La discrimination vient parfois des immigrants eux-mêmes. À Vancouver, ville où les Asiatiques forment près de la moitié de la population et contrôlent l’économie, les patrons asiatiques demandent presque toujours sur leurs offres d’emploi aux candidats de parler mandarin !

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann