Comment lutter contre la souffrance au travail ? Avec humanisme, Jean-François Dortier, fondateur du magazine Sciences humaines, tente d’apporter sa pièce à l’édifice dans ce livre simple, prenant du recul sur les théories managériales en vogue. Si les DRH n’y apprendront rien de nouveau, sa plume, limpide sans langue de bois, fait du bien. La première partie de son livre, où ce patron de presse puise dans son expérience pour « moins travailler » en organisant son temps, est un peu rebattue. Mais il y souffle une certaine liberté, l’auteur appelant les cadres « à respecter leur propre rythme biologique nécessaire à la santé et à l’imposer », en aménageant leurs horaires ou en télétravaillant. Un point sur lequel les entreprises feraient bien de lâcher du lest, selon lui. Là où le livre est savoureux, c’est plutôt dans la critique des modes de management. Reprenant la littérature actuelle, Jean-François Dortier ironise gentiment sur la mouvance du slow management, « qui ne marche que lorsque l’entreprise se porte bien », l’entreprise libérée, qui n’échappe pas « au gourou libérateur qui impose sa vision » (en référence au PDG emblématique de Favi), ou l’holocratie « Castorama ou Zappos l’ont testée, et l’ont vite abandonnée ». Plutôt que maquiller le problème de surcharge mentale, les entreprises feraient mieux de renforcer l’encadrement intermédiaire qu’elles ont supprimé, estime l’auteur. Un rappel de bon sens, finalement.