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Les syndicats ont-ils raté le coche face au capitalisme financier ?

Mémento | À lire | publié le : 18.12.2017 | Lydie Colders

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Les syndicats ont-ils raté le coche face au capitalisme financier ?

Crédit photo Lydie Colders

Face à l’emprise du capitalisme financier, le syndicalisme issu d’après-guerre est-il dépassé ? Dans cet essai critique, le philosophe Michel Feher répond par l’affirmative. Décryptant les mutations de la financiarisation de l’économie, il estime nécessaire d’adapter les pratiques sociales datant d’une autre ère. Puisque les marchés règnent en maître, « la pression que les employeurs continuent de faire subir à leurs salariés renvoie désormais au pouvoir de sélection que les investisseurs exercent sur les investis », affirme le philosophe. À partir de ce concept radical, son livre propose une autre lecture des luttes sociales : puisque les entreprises et les dirigeants dépendent de l’évaluation des investisseurs, « le défi à relever porte moins sur la répartition des revenus entre travailleurs et propriétaires des moyens de production que sur les conditions d’allocation du capital », soutient Michel Feher. Plus que les syndicats, l’auteur affirme que le renouveau du militantisme est plutôt du côté des « investis ». Et qu’il doit chercher à inventer des alternatives pour peser sur les décisions des investisseurs. « Il devra être créatif dans l’art de la spéculation », affirme-t-il. Le parti-pris militant pourra déplaire. Mais l’essai, ambitieux et brillant, pose des questions de fond intéressantes : politique de gouvernance des entreprises (RSE) trop centrée sur les actionnaires, ubérisation de l’emploi qui selon l’auteur ne peut que progresser… Pour lui, le droit du travail risque de basculer du salariat vers une création d’un régime commun au rabais « de semi-indépendant ». Un choix qui arrangerait bien les gouvernements, désireux de conserver la confiance de leurs créanciers…

Auteur

  • Lydie Colders