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Marché du travail : Au troisième semestre, les créations d’emploi ont ralenti

L’actualité | publié le : 18.12.2017 | Hugo Lattard

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Marché du travail : Au troisième semestre, les créations d’emploi ont ralenti

Crédit photo Hugo Lattard

Lors des seconds Rendez-vous de Grenelle, la dynamique du marché de l’emploi a été analysée. Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a assumé la baisse des mesures de soutien à l’emploi comme les contrats aidés ou l’aide à l’embauche des PME. Elle préconise des réformes structurelles pour amplifier la croissance.

L’emploi salarié a continué de progresser en France au troisième trimestre, poursuivant la dynamique enclenchée depuis trois ans maintenant, avec 12 trimestres consécutifs de hausse. Mais avec seulement 44 500 emplois nets créés, le rythme (+ 0,2 %) a ralenti, du moins par rapport au deuxième trimestre qui avait vu 88 300 créations nettes d’emploi (+ 0,4 %). Ces chiffres ont été présentés et analysés le 12 décembre, lors des seconds Rendez-vous de Grenelle instaurés par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, « pour éclairer les données sur le marché du travail et les tendances à venir », a rappelé l’ancienne DRH de Danone. Les Rendez-vous de Grenelle s’appuient sur le concours d’experts, ainsi Selma Mahfouz, directrice de la Dares, Xavier Timbeau, directeur principal à l’OFCE, et Denis Ferrand, directeur général de l’institut Coe-Rexecode, étaient appelés à décoder les chiffres. Leur éclairage s’avère d’autant plus utile que le ralentissement de l’emploi salarié s’est produit alors que l’activité est restée soutenue, dans un contexte de reprise mondiale. Au troisième trimestre, le PIB a progressé de 0,5 %, après 0,6 % au deuxième trimestre. La productivité par tête a accéléré au troisième trimestre (+ 0,8 % sur un an). Les salaires réels (+ 0,4 % sur la même période) ont évolué moins vite que la productivité.

Léger rebond du chômage

Ainsi, la dynamique du marché du travail est restée « bien orientée », s’est réjouie Muriel Pénicaud face à la presse. « Les créations d’emploi continuent, même si elles sont un peu moins fortes », a souligné la ministre du Travail. Selon qui « deux points de vigilance » sont cependant à relever. D’un côté, les difficultés de recrutement que rencontrent déjà les entreprises dans certains secteurs. De l’autre, le chômage, a pointé Muriel Pénicaud. Car au troisième trimestre, avec 63 000 demandeurs d’emploi en plus, le chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a augmenté de 0,2 point, pour atteindre 9,7 %. Ce bémol est aussi une petite énigme pour les experts. Car, dans le même temps, le taux d’activité a quasi stagné (– 0,1 point). La légère hausse du chômage « ne s’explique pas par le fait que des personnes inactives sont revenues sur le marché du travail », a donc écarté Selma Mahfouz, directrice de la Dares. Qui s’attend peut-être à une correction des chiffres du chômage au prochain trimestre. « Un effet de lissage », a lui aussi envisagé Denis Ferrand, de Coe-Rexecode. Le léger rebond du chômage n’est « pas de nature à remettre en cause la baisse tendancielle observée depuis début 2015 », a estimé Muriel Pénicaud. Sur un an, le chômage ressort toujours en baisse (– 0,3 point) au troisième trimestre, tandis que 269 000 créations nettes d’emploi (+ 1,1 %) ont été enregistrées par rapport au troisième trimestre 2016.

Accompagner la croissance

Reste que, dans les mois qui viennent, « comme le marché du travail est assez dynamique, avec des départs plus tard à la retraite, la baisse du chômage pourrait être limitée », a mis en garde Xavier Timbeau. « Les premiers effets de la réforme du marché du travail et la baisse des emplois aidés peuvent conduire à ce que le chômage ne baisse pas, voire augmente », a développé l’économiste de l’OFCE. Selma Mahfouz l’a relevé, le « moindre soutien des politiques de l’emploi » a forcément pesé sur les chiffres du troisième trimestre. « En particulier la fin de la prime à l’embauche pour les PME », a-t-elle cité, le dispositif s’étant terminé en juin. Pour en profiter, des entreprises ont probablement anticipé leurs embauches au deuxième trimestre. Pour preuve, les données relatives aux déclarations d’embauche de l’Acoss. En juin, elles ont bondi de 4,8 %, pour les embauches de plus d’un mois. Pour refluer ensuite, de 3,9 %, en juillet. Tandis que, sur l’ensemble du deuxième trimestre, la durée des nouveaux contrats s’est allongée. Les embauches en CDI augmentent très nettement (+ 12,2 % sur un an). Sans oublier la baisse des contrats aidés. Muriel Pénicaud a assumé ces choix de la nouvelle majorité. « Nous sommes passés d’une politique trop axée sur le traitement statistique du chômage, au risque d’une machine infernale, à des réformes structurelles. Pour accompagner et amplifier la croissance, faire qu’elle soit porteuse d’emplois durables », a justifié la ministre du Travail. « C’est dans ce sens que l’on pourra évaluer les effets des politiques que nous menons », a-t-elle exhorté.

Auteur

  • Hugo Lattard