Si la météo semble s’améliorer dans les entreprises, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle demeure problématique : tel est le constat de la dernière étude du Groupe Cegos sur le climat social. Après trois années de crispation dans les entreprises, 47 % des DRH interrogés jugent que le climat social de leur entreprise s’est amélioré en 2017, ils n’étaient 34 % à partager cet avis en 2015. Un optimisme à tempérer du côté des salariés : seuls un tiers des managers estiment que le climat social est meilleur, et 37 % des collaborateurs (cadres, employés, ouvriers) affirment même que l’ambiance sociale s’est dégradée dans leur entreprise depuis 2016. Mais globalement, le moral des salariés s’éclaircit : selon l’étude, les conditions de travail sont jugées plutôt bonnes et la confiance envers leur manager remonte de 11 points par rapport à 2015 (73 % d’avis positifs).

Reste des ombres au tableau, notamment le désenchantement : les DRH surestimeraient l’engagement des salariés : 88 % les jugent impliqués et motivés. Or, la motivation faiblit, en particulier chez les managers : seuls 67 % d’entre eux s’affirment investis, soit 4 points de moins qu’en 2016. « Les salariés et les cadres font leur travail, mais seulement dans une logique de résultats attendus », constate Annick Allégret, membre du directoire de Cegos. En clair, la croyance, l’effort n’est plus au rendez-vous : après des années de crise et de vague de plans sociaux, les salariés prennent de la distance. Signe de tension observable : la qualité des relations informelles, des échanges entre collègues chute de 6 points en un an chez les salariés. Un tiers seulement s’en déclare satisfait.

Retard à l’allumage ou mesures insuffisantes ? Bien que 63 % des DRH interrogés dans ce baromètre disent avoir mené des plans d’actions de lutte contre les risques psychosociaux, le stress « demeure une réalité persistante, au risque de paraître presque normale », note Cegos. Plus de la moitié des salariés et des managers affirment être stressés dans leur travail, 61 % estimant que cette pression est néfaste pour leur santé. Un problème visiblement lié à la charge de travail et au brouillage persistant entre vie professionnelle et vie privée. Si les accords de qualité de vie au travail décollent (44 % des DRH disent avoir négocié un accord de QVT en 2017), les effets tardent à se faire sentir : 49 % des salariés et 52 % des managers affirment que leur charge de travail reste trop importante, même si elle est moins intense qu’en 2015. Un problème qui empiète sur la vie privée : 41 % d’entre eux disent travailler sur leur temps personnel. Smartphones, portables professionnels, « les outils numériques sont rentrés dans les mœurs. Mais avec cette connexion, la porosité entre vie professionnelle et vie privée s’accentue », observe Isabelle Drouet de la Thibauderie, manager de l’offre RH de Cegos. 25 % des salariés et 32 % des managers affirment que le numérique rime avec charge de travail. Dans la QVT, le droit à la déconnexion reste visiblement insuffisant…