Alors que le numérique bouscule les pratiques, ce livre de l’économiste Charles-Antoine Schwerer analyse avec brio les enjeux de l’économie des plateformes de partage. Avec un modèle ultra-compétitif, celui de la mise en relation entre particuliers et producteurs de services, Airbnb, Blablacar ou Uber sont accusés de dumping social et de concurrence déloyale. L’auteur, spécialiste du numérique, estime indispensable de réguler ce modèle économique et d’améliorer la protection sociale des travailleurs de ces plateformes. Mais comment distinguer ce qui relève d’une activité marchande ou non, et la part du travail qui doit donner lieu à des cotisations sociales ? Analysant les différentes options de fiscalisation du côté des offreurs de services, l’économiste décrit très bien l’ambiguïté de l’économie du partage, estimant que « le profit doit marquer la limite entre les deux mondes » pour fiscaliser les revenus des « offreurs ». Au-delà, ce livre critique est surtout passionnant pour sa vision éthique et politique. S’appuyant sur les travaux de philosophes et d’économistes (Deleuze, Rifkin, Gorz), Charles-Antoine Schwerer affirme que ces nouvelles entreprises signent « l’ère du capitalisme convivial » et renforce l’idée d’une société du contrôle. Loin d’être anodins, les commentaires des utilisateurs des plateformes témoigneraient d’un glissement de pouvoir, « où l’autorité n’est plus régie par un chef mais par le contrôle des clients ». L’auteur explique longuement les effets pervers des systèmes de notation en ligne, montrant qu’ils jouent sur les revenus des Vpcistes. De quoi donner à réfléchir sur l’évaluation du futur…