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Le fait de la semaine

France stratégie : Un fonds européen pour élever les compétences

Le fait de la semaine | publié le : 04.12.2017 |

Pour le laboratoire d’idées public, l’Europe pourrait apporter une aide directe à ses citoyens en créant un système de prêts formation. Ce projet, le Fonds Spinelli, permettrait ainsi d’augmenter les investissements de long terme dans le capital humain.

Soixante ans après le traité de Rome, l’Europe est confrontée à la montée de la défiance envers les institutions communautaires. Restaurer la confiance en l’Europe suppose au minimum la mise en place de politiques publiques plus concrètes.

Dans le même temps, dans un monde soumis à une vive concurrence et à la transformation numérique, les individus doivent être toujours mieux formés. Pourtant, 20 % de la population active en Europe a un faible niveau de compétences dans le domaine de l’écrit et des chiffres et 25 % n’a pas les compétences nécessaires pour un usage effectif des outils numériques courants.

France Stratégie propose d’accorder des prêts individuels à quiconque désire se former pour améliorer ses perspectives de carrière professionnelle. Concrètement, ces formations cibleraient les métiers en tension et les compétences spécifiques recherchées par les entreprises. Une liste régulièrement réévaluée serait produite pays par pays afin de répondre aux besoins nationaux et locaux. Les formations devraient également cibler les compétences de base et inclure la maîtrise des codes sociaux et des relations interpersonnelles. Un examen défini et mené au niveau européen viendrait enfin sanctionner les compétences acquises.

Formations pour tous

Toute personne serait éligible à ce prêt formation mais quatre publics sont plus particulièrement ciblés : les chômeurs et les jeunes sans diplôme ; les étudiants qui souhaitent prolonger leurs études ; les personnes désirant changer de carrière ; enfin les réfugiés qui ont besoin d’acquérir des compétences nouvelles.

Le Fonds Spinelli engagerait les individus sur le plan financier, mais sans les exposer au surendettement. Les formations seraient en effet financées par des prêts individuels dont le remboursement serait conditionné à l’accès à un emploi correctement rémunéré – au-dessus du salaire minimum à plein-temps. Une personne sans capital financier ou social pourrait donc se former et changer ainsi de trajectoire de vie.

Les organismes de formation, sélectionnés via un appel à projet européen, seraient payés seulement dans le cas où les bénéficiaires réussiraient leur examen final. Les personnes motivées et à même d’obtenir leur diplôme seraient ainsi privilégiées par ce système de double incitation, du côté des bénéficiaires et des organismes de formation.

Le Fonds Spinelli pourrait fonctionner comme le Fonds européen d’investissement : il emprunterait sur les marchés financiers en émettant des obligations. Les défauts de remboursement (personnes n’ayant pas décroché d’emploi après leur formation, ou un emploi insuffisamment rémunéré) seraient couverts par des fonds propres, rechargeable, dont une partie pourrait provenir de l’actuel Fonds social européen.

Le fonds s’apparente à une capacité budgétaire commune, favorisant la convergence des économies de l’Union européenne. Il pourrait également constituer un outil de stabilisation conjoncturelle : en cas de ralentissement économique dans un pays de la zone euro, les États membres d’un commun accord pourraient décider d’accroître les financements du fonds à destination des résidents du pays touché.

Réduire le taux de chômage

Dans une période de récession, le Fonds Spinelli pourrait financer 750 000 formations simultanément dans un pays comme la France. Cela se traduirait par une impulsion budgétaire de près d’un demi-point de PIB, sans peser sur le budget de l’État, tout en contribuant significativement à la stabilisation du pays. Le Fonds Spinelli permettrait ainsi de réduire le taux de chômage d’environ 3 points au plus fort de son action et d’accroître le PIB de 0,8 % en cumulé sur trois ans. Au total, dans un pays comme la France, 1,6 million de personnes pourraient en bénéficier sur une période de deux ans et demi.