Dans cette enquête édifiante, le sociologue Pascal Marichalar revient sur dix ans de combat de l’association des verriers de Givors pour faire reconnaître des cas de cancers d’ouvriers en maladie professionnelle. De la fermeture de cette usine de verrerie en 2003, ex-propriété de Danone, jusqu’au jugement négatif en 2016 au tribunal des prud’hommes de Lyon, on suit la lutte menée par la femme d’un syndicaliste décédé et d’un imprimeur local engagé auprès des verriers. Des récits poignants, des preuves qui s’accumulent sur l’exposition de ces ouvriers à l’amiante et aux substances cancérigènes… À ce drame humain, l’auteur oppose la machine kafkaïenne de la reconnaissance des maladies professionnelles : décisions contradictoires de la médecine du travail, impossibilité d’une reconnaissance collective, bataille judiciaire avec le repreneur de l’usine. On se perd un peu dans la chronologie des événements, mais le livre est très bien documenté. En toile de fond, Pascal Marichalar interroge : la société peut-elle s’accommoder de mettre en danger la santé des travailleurs ? Pour lui, la résistance des verriers de Givors « donne à voir la procédure de reconnaissance en maladie professionnelle pour ce qu’elle est : un dispositif de gouvernement des travailleurs malades ».