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Employabilité : Des parrains de l’emploi par-dessus le Rhin

L’actualité | publié le : 13.11.2017 | Mathieu Noyer

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Employabilité : Des parrains de l’emploi par-dessus le Rhin

Crédit photo Mathieu Noyer

En Alsace, un projet de coopération transfrontalier met en relation les demandeurs d’emploi français avec les employeurs allemands. L’objectif n’est pas de les placer, mais de leur donner les bons réflexes pour postuler avec succès sur le marché du travail voisin.

Trouver un emploi en Allemagne n’est pas une formalité. Même quand la zone concernée aux portes de l’Alsace affiche un taux de chômage de 5 % à 6 % seulement, qu’on est soi-même à l’aise en allemand et que, parfois, on y a déjà travaillé. Ce constat forgé au fil des années a amené une structure de coopération transfrontalière à monter un dispositif de parrainage de l’emploi frontalier : depuis ce printemps, Pamina, qui agit dans le nord de l’Alsace et les territoires allemands voisins autour de Karlsruhe, assure la mise en relation entre des demandeurs d’emploi français et des responsables RH d’entreprises allemandes. L’initiative bénéficie pour l’heure à une dizaine de personnes de 25 à 55 ans. L’accompagnement dure de six mois à un an, sous forme de rendez-vous bilatéraux fixés selon une libre fréquence entre le parrain et le parrainé, et il est régi par une charte d’engagements réciproques.

La formation des binômes n’est pas destinée à provoquer l’embauche directe : elle n’associe pas un employeur et un candidat au profil correspondant aux besoins de recrutement immédiat. Elle vise à abattre les stéréotypes, et surtout à donner un certain nombre d’astuces qui doivent aider à faire la différence sur le marché du travail outre-Rhin… ou éviter la bourde qui va fermer les portes. Exemples auprès de Thomas Garst, responsable recrutement de la chaîne de meubles Ehrmann. « La ponctualité est la règle d’or. Pour un Allemand, elle signifie plutôt même arriver cinq minutes en avance. Le CV n’a pas besoin de remplir des pages et des pages, mais il doit être parfaitement sincère. Il ne faut pas occulter les trous, les accidents de carrière, le tout est de pouvoir les expliquer. Le candidat français doit savoir que nous autres Allemands apprécions la fidélité à l’entreprise, et qu’il va donc devoir bien justifier un parcours fait de nombreux changements d’employeurs. Il doit aussi savoir que certains recruteurs pourront être surpris, voire rebutés, par l’absence des certificats d’appréciation des employeurs précédents, l’Arbeitszeugnis, qui est presque systématique chez nous. »

Retrouver la confiance

Par son contenu, le parrainage est complémentaire, et non doublon, des dispositifs déjà existants, en premier lieu le service de placement transfrontalier (SPT), commun à Pôle emploi et son homologue l’Arbeitsagentur. « Les parrainés nous sont d’ailleurs envoyés par le SPT, les deux services de l’emploi français et allemand, ou encore par le conseil départemental du Bas-Rhin », précise Aurélie Boitel, coordinatrice chez Pamina du parrainage, qui s’inscrit dans un programme transfrontalier « Pamina bassin d’emploi » de 266 000 euros, dont 50 % de fonds européens.

Les parrainés ne sont pas éloignés du marché de l’emploi : « Ils sont mobiles, bilingues ou presque, motivés, souvent expérimentés. Ce qui leur manque souvent, c’est un zeste d’aisance pour bien postuler de l’autre côté de la frontière », observe Angèle Rieffel, également coordinatrice au titre du GIP FCIP Alsace : cette structure de formation continue du rectorat de Strasbourg transpose au transfrontalier sa méthode de parrainage de demandeurs d’emploi seniors.

Le « retour d’une confiance en soi » est confirmé par Arnaud Jantzen, tourneur-fraiseur-monteur de 25 ans qui espère décrocher un CDI après des missions d’intérim dans trois entreprises allemandes différentes. Pascal Wehinger, technico-commercial de 54 ans, sort ragaillardi de son premier échange avec Thomas Garst. « Je vois que l’âge n’est pas un facteur d’exclusion et que l’employeur allemand donne le temps de s’adapter, grâce à une formation d’intégration de plusieurs mois. C’est rassurant. »

Auteur

  • Mathieu Noyer