logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Retour sur…

Fin de carrière : Avec l’accord transition activité-retraite, Axa rajeunit sa pyramide des âges

Retour sur… | publié le : 06.11.2017 | Mathieu Noyer

Image

Fin de carrière : Avec l’accord transition activité-retraite, Axa rajeunit sa pyramide des âges

Crédit photo Mathieu Noyer

En combinant temps partiel et congé spécifique, le dispositif d’aménagement de fin de carrière a rencontré un bon succès chez l’assureur, suffisant pour rajeunir la pyramide des âges. Mais la source se tarit et la reconduction sur le long terme est incertaine.

Quel avenir pour la transition activité-retraite (TAR) chez Axa ? En six ans d’existence, l’accord d’entreprise conclu par l’assureur pour aménager les fins de carrière a trouvé son public. Fin mai, il a été reconduit pour la seconde fois, mais seulement pour un an, sous forme d’un avenant de prorogation. Alors que le premier accord, en 2011, avait été signé pour trois ans et qu’il a débouché sur un second, de même durée.

Pourquoi cette prudence ? À lire l’avenant, elle se justifie par les « potentielles évolutions législatives ». Autrement dit, il serait urgent d’attendre les intentions précises d’Emmanuel Macron et du gouvernement sur la réforme des retraites afin d’y adapter éventuellement le contenu de l’accord maison. Certes, en apposant leur paraphe, les syndicats signataires et représentatifs (CFDT, CFE-CGC et CGT, seule l’Unsa, également signataire en 2014, a refusé cette fois) font leur cet argument. Mais il ne les convainc guère. « Cela pose question… et nous n’avons pas de réponse », déclare Céline Sourdille, coordinatrice CFDT chez Axa. « On n’a pas ressenti un enthousiasme de la direction à reconduire », confirme Alain Jolly, délégué CFE-CGC. Sollicitée, la direction des RH d’Axa a, au dernier moment, invoqué une indisponibilité pour répondre à Entreprise & Carrières. La CFE-CGC avance une autre hypothèse : l’extinction progressive de l’objet même de l’accord, pour cause de pyramide des âges rajeunie. « L’accord est arrivé au bon moment pour gérer de façon soft le départ à la retraite de l’importante vague d’embauches des années 1970. Aujourd’hui, la source se tarit, mais il reste plusieurs dizaines de bénéficiaires potentiels », décrit Alain Jolly. D’un accord à l’autre, d’ailleurs, il a été moins utilisé : un peu plus de 1 000 bénéficiaires de 2011 à 2014 et moins de 600 depuis, soit 1 617 salariés au total en six ans (à fin avril, juste avant la prorogation). Les OS signataires jugent le score « très honorable » et « plutôt en phase » avec les espérances. Au regard de l’effectif groupe d’environ 22 000 salariés, « c’est tout sauf anecdotique », estime Céline Sourdille.

Cinq possibilités

Ouverte à toutes les entités d’Axa, la transition activité-retraite (TAR) a été actionnée dans 92 % des cas par les salariés de la société Axa France, la principale et celle qui présentait la plus forte proportion de personnel âgé. Le dispositif combine, selon une répartition deux tiers-un tiers, un temps partiel abondé par l’entreprise (TPA) et un congé de transition retraite (CTR) rémunéré à 55 %. La durée permet d’aller jusqu’à la date de départ en retraite à taux plein. Cinq choix sont proposés à tous : de six mois (quatre de temps partiel et deux de congé) à trente mois. Le temps partiel peut varier de 90 % à 50 % de temps travaillé, avec un abondement qui va respectivement de 5 % à 8 %. Les salariés handicapés et ceux en carrière longue peuvent aller jusqu’à trois ans et accéder à un abondement supérieur.

La lecture du détail des choix est assez limpide : plus la durée est courte, plus la TAR est prisée. La formule à six mois a été retenue par 359 bénéficiaires, le chiffre décroît ensuite pour tomber à 162 pour deux ans et 177 pour deux ans et demi. Pour le temps partiel, six salariés sur dix ont choisi la formule à 90 % et un tiers celle à 80 %. « Les personnels ont choisi les formules les plus favorables sur le plan financier. On peut estimer qu’une durée au-delà d’un an implique un effort financier de leur part », décrypte Alain Jolly. « Il faut compter aussi avec un facteur plus psychologique : à trois ans de la retraite, le sujet paraît encore lointain », ajoute Céline Sourdille.

Gagnant-gagnant

Outre l’abondement du temps partiel et la rémunération du congé, l’employeur maintient la cotisation retraite à 100 %, il majore l’indemnité de départ de 30 % et prévoit un doublement spécifique de l’abondement Perco (jusqu’à 600 euros). Selon les syndicats, ces coûts n’en sont pas vraiment : « C’est vraiment un accord gagnant-gagnant. Il donne la visibilité à la fois au salarié et à l’entreprise pour sa gestion prévisionnelle des emplois », souligne Céline Sourdille. La principale nouveauté de 2014 est l’introduction du mécénat de compétences, par la possibilité de consacrer jusqu’à 25 % du temps partiel à travailler pour une association d’intérêt général, à choisir parmi une liste de « partenaires » d’Axa. Intéressant mais restrictif dans le choix, note la CFDT. Au final, la transition activité-retraite ne s’est pas transformée en un dégraissage déguisé. Les effectifs dans la période sont restés stables par le fait d’embauches en parallèle, l’initiative contribue au rajeunissement de la pyramide des âges qui était son but. La TAR prévoit une passerelle avec le compte épargne-temps (CET) : à partir de 120 jours capitalisés, l’employé peut les « placer » dans le temps partiel, avec un abondement de 20 % de l’entreprise, et ainsi diminuer son temps de travail effectif. Mais cette disposition disparaîtra en avril prochain, car Axa a dénoncé son accord CET à compter de cette échéance. Quant à la GPEC, qui constituait le sujet vecteur de la transition activité-retraite à sa mise en place, elle doit être renégociée, l’accord en cours arrivant à son terme à la fin 2018. Autant de rendez-vous que les représentants du personnel attendent avec impatience pour, espèrent-ils, lever les incertitudes de façon positive.

Auteur

  • Mathieu Noyer