logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

RSE = Restons Sains et Équitables

Chroniques | publié le : 06.11.2017 |

Image

RSE = Restons Sains et Équitables

Crédit photo

Philippe Détrie la maison du management

L’efficacité des entreprises est essentielle au développement de notre société : c’est le moteur principal du progrès économique. Mais les priorités évoluent : la performance économique et financière ne peut plus être obtenue coûte que coûte ni de façon aveugle. Notre monde est devenu un village planétaire fragile et confiné, ses ressources sont limitées. Les rapports au travail militent pour davantage d’équité et de mieux-être. Deux mouvements distincts montent en puissance :

– les salariés deviennent plus exigeants sur leur qualité de vie au travail,

– l’opinion publique fait pression sur la contribution des entreprises au progrès sociétal et au développement durable.

L’histoire législative épouse d’ailleurs bien ce sens. Chaque pays s’est d’abord doté de lois pour protéger la propriété : l’humanité a connu depuis des siècles des guerres de propriétaires dont les principaux motifs étaient la défense de ses intérêts et la protection du droit de propriété. Puis le droit du travail s’est forgé au XXe siècle pour défendre les salariés. Aujourd’hui, le droit sociétal apparaît au niveau international pour protéger l’environnement et l’avenir de la planète. Nous assistons au début du XXIe siècle à l’éclosion d’une législation mondiale encore très floue mais certaine dans sa direction : les pressions convergent vers une plus grande responsabilité sociétale des entreprises. Elles se transformeront sans doute en lois qui seront essentielles pour garantir une économie équilibrée entre acteurs économiques. On attend avec impatience celles sur l’optimisation fiscale en Europe !

Cette évolution des attentes vis-à-vis du monde du travail s’est faite discrètement mais sûrement, c’est-à-dire sans rupture marquante mais sans possibilité de retour. Il n’est d’ailleurs pas sûr que les leçons de l’Histoire, qui enseignent que seules des situations de crise poussent une société à réviser ses comportements, soient ici pertinentes : le tabac a finalement été mis hors jeu sans révolution particulière.

La responsabilisation des entreprises

Il en est de même de la responsabilisation croissante de l’entreprise. La sanction ne vient plus maintenant du jeu de gendarmes et voleurs avec les autorités publiques, mais de l’émotion de l’opinion publique : les atteintes à la réputation sont devenues si intimidantes que l’entreprise s’auto-responsabilise aujourd’hui. L’entreprise gagne à intégrer cette nouvelle exposition, autant pour éviter un risque de dégradation de son image que par intérêt à long terme. Déjà, dans les années 1970, le pari pascalien était invoqué pour le développement des pays du tiers-monde : « Si vous ne le faites pas par conviction ou par charité, faites-le au moins par intérêt : vous risquez plus à ne rien faire ! »

Oui à un minimum d’efficacité, non à un maximum !

Changeons de lunettes. Oui, bien sûr, un minimum d’efficacité est indispensable pour rester sur le marché, mais doit-on tout sacrifier à maximiser cette finalité ? La quête du « toujours plus et rien que ça » s’obtient le plus souvent au détriment de ses parties prenantes : est-ce bien Responsable, Sain et Équitable de laisser, uniquement pour son propre profit, se créer des inégalités et des nuisances supplémentaires ? Pourquoi ne pas cultiver simplement un minimum d’efficacité ? Être performant, oui, mais en faire bénéficier tout le monde, c’est mieux.