logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Canada : Le Canada chouchoute ses travailleurs handicapés

Sur le terrain | International | publié le : 17.10.2017 | Ludovic Hirtzmann

Image

Canada : Le Canada chouchoute ses travailleurs handicapés

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Les entreprises canadiennes ont su intégrer les personnes handicapées dans la population active. Cette réussite est due à un comportement positif des employeurs envers ces travailleurs, et à un espace public adapté à ces derniers.

Oubliez le fauteuil roulant immobile blanc sur fond bleu, symbole du handicap. Des Canadiens de l’association Forward Movement militent pour un logo plus dynamique, celui d’un fauteuil roulant incliné, où l’individu apparaît en mouvement. Au Canada, l’espace public, les transports en commun et les trottoirs sont adaptés pour les personnes handicapées. Un préalable indispensable pour les intégrer dans le milieu professionnel.

C’est un peu ce qui se passe dans de nombreuses entreprises, telles que le groupe TAQ. Cette société de la ville de Québec compte 260 salariés, dont 70 % ont des déficiences physiques ou intellectuelles. La firme est spécialisée dans l’emballage, le publipostage, pour des sociétés pharmaceutiques ou alimentaires. Depuis un an, elle a créé 40 emplois, dont la moitié pour des salariés souffrant de handicaps. TAQ leur dispense aussi une formation pour être plus autonome.

Selon l’institut national Statistique Canada, 49 % des actifs handicapés de 25 ans à 64 ans ont un emploi, contre 79 % des non-handicapés.

Une évolution positive

Le Canada revient de loin. Joseph Giulione est le président du Roseph, un organisme d’aide à l’emploi des personnes handicapées. S’il estime que pas assez n’est fait pour ces dernières, le militant reconnaît que les choses ont changé positivement au cours de ses 33 ans de carrière. « Autrefois, les employeurs pensaient qu’ils nous faisaient une faveur en employant des personnes handicapées. Ce n’est plus le cas », confie-t-il.

Plutôt que des contraintes réglementaires, les Canadiens ont préféré cibler les employeurs par des campagnes de sensibilisation, relayées par des dizaines d’organismes d’aide à l’emploi des personnes handicapées. Le montant des subventions accordées par le ministère de l’Emploi du Québec aux entreprises qui embauchent des travailleurs handicapés est négociable au cas par cas.

Des demandes d’aides ajustées

Les organismes d’aide à l’emploi évaluent avec les employeurs leurs besoins, puis ils ajustent et ils transmettent les demandes d’aides au gouvernement. Le patron n’intervient pas « afin que l’entreprise ne demande pas 100 % d’aides », dit le président du Roseph, qui multiplie les partenariats avec le privé. « L’été dernier, nous avons entamé avec le Conseil du patronat du Québec et la BNP Montréal un programme de formation de courtiers pour des personnes souffrant de handicap. » Car, au fil des ans, les personnes handicapées se sont révélées mieux formées, diplômées et donc plus employables.

« Nous n’ouvrons pas nos portes à ces travailleurs pour diminuer nos coûts », confiait récemment au quotidien québécois Le Soleil Claire Lord, vice-président de la GRH d’une entreprise de fournitures industrielles, PR Distribution.

Toute comparaison avec la France reste cependant malaisée. Les employeurs canadiens ne sont pas de bons samaritains, mais plutôt dans une position de faiblesse. Le taux de chômage au Québec est très bas, 6 % en septembre. Les entreprises ne peuvent pas se permettre de se passer de main-d’œuvre.

L’emploi chez les personnes handicapées comporte toutefois de fortes disparités. Seules 21 % de celles sans diplômes sont employées, contre 62 % de celles qui ont obtenu un diplôme universitaire. À compétence universitaire égale, les handicapés ont un salaire moyen annuel de 69 200 dollars par an, contre 92 700 dollars pour les autres.

« On voit parfois le travailleur avec un handicap plutôt qu’un handicapé qui veut travailler », déplore Joseph Giulione. Selon un sondage de la Banque de Montréal, 16,6 % des personnes handicapées auraient eu un emploi refusé et 7,8 % ont senti une discrimination lors d’un entretien. Non sans ironie, les organismes publics s’occupant du handicap ne sont pas les plus vertueux. L’Office des personnes handicapées du Québec emploie 120 salariés dont « 12 sont des personnes handicapées », confie le porte-parole de l’organisme, Patrick Inthavanh, qui conclut : « Aucune de ces personnes ne fait partie de la haute direction. » Encore un effort !

Dans les médias

LA PRESSE. Heureux comme un médecin au Québec

Les médecins généralistes québécois, qui gagnent 280 000 dollars par an, soit plus de 12 fois le salaire minimum au Québec, ont obtenu du gouvernement québécois une hausse salariale de 14,7 % d’ici 2023. Avec un système de santé public et peu performant, seuls la moitié des Montréalais ont accès à un médecin. Les autres attendent des heures dans les urgences des hôpitaux. 7 octobre 2017, cyberquotidien La Presse (Montréal), www.lapresse.ca

RADIO-CANADA. Le chômage au plus bas

À 6,2 %, le chômage a atteint son taux le plus bas depuis neuf ans et le Canada se rapproche du plein-emploi, ce qui engendre une pénurie de main-d’œuvre. La province de l’Alberta, qui n’a pas su se diversifier en dehors du pétrole, est à la peine avec un taux de chômage élevé de 7,9 %. 6 octobre 2017, Radio-Canada, Radio-télévision publique, www.radio-canada.ca

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann