logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Prévention : Bouygues Construction : une opération mondiale pour la sécurité

Sur le terrain | publié le : 10.10.2017 | Véronique Vigne-Lepage

Pendant une demi-journée en juin, le groupe Bouygues Construction a réuni ses salariés, intérimaires et sous-traitants de tous les sites où il intervient dans le monde, autour de la santé et la sécurité au travail. Objectif : les sensibiliser à douze « fondamentaux » diffusés dans l’entreprise.

Cent mille personnes qui stoppent le travail pendant une demi-journée, malgré les délais à tenir : voilà qui marque les esprits, dans le BTP. C’est ce qui a été fait, dans ce but précis, le 13 juin dernier, sur les chantiers des 80 pays où Bouygues Construction intervient : entre 9 heures et midi ce jour-là, tous les salariés, intérimaires et employés des sous-traitants ont été réunis. pour parler santé et sécurité au travail.

Au programme, d’abord, un message institutionnel de Philippe Bonnave, Pdg, dans un film traduit en 13 langues. « Nous avons voulu démontrer que ce sujet doit être pris en compte à tous les niveaux », explique Philippe Villain, directeur prévention santé sécurité du groupe. Douze “fondamentaux” ont été rappelés : l’interdiction de la drogue et de l’alcool, le port des EPI, les règles de circulation, le briefing quotidien, l’analyse des risques à chaque poste, leur limitation via l’ergonomie, la stabilité des matériels, matériaux et engins, la consignation éventuelle, l’utilisation d’équipements de travail en hauteur et de matériels adaptés et contrôlés, l’installation de protections collectives et, enfin, le devoir de dire « stop » en cas de risque non maîtrisé. « Ils portent sur 95 % des problèmes rencontrés partout et les solutions proposées sur les meilleures pratiques mondiales », commente Philippe Villain.

Un temps d’explication

Pour les faire comprendre, un parallèle est fait, dans des visuels, avec la vie personnelle : port d’un casque pour faire du vélo, transport d’un bébé en poussette pour éviter de se faire mal au dos, etc. « Le niveau de compréhension du risque est variable selon les pays, constate le directeur SST. Nous rencontrons rarement des difficultés, mais il faut parfois un temps d’explication. » Le 13 juin, des ateliers pratiques et des échanges autour du pilotage des chantiers visaient ainsi une « appropriation locale » du message.

Cette opération s’inscrit « dans la continuité de la démarche globale de partage des bonnes pratiques » conduite depuis plusieurs années par Bouygues Construction. Une version du label “maison” santé-sécurité-environnement – Chantiers bleus – intégrant les douze fondamentaux est ainsi testée depuis cet été. Et une analyse de l’écart entre ces fondamentaux et la réalité a permis de savoir où porter à présent l’effort : « Sur la santé au travail, répond Philippe Villain, sur laquelle on travaille beaucoup en France mais pas forcément partout. » Des méthodes et des formations vont être déployées sur ce sujet. Mais l’effort sur la sécurité est maintenu : un programme de formation au “leadership sécurité” est en cours pour tous les encadrants (5 000 personnes). « Y compris les conducteurs de travaux, qui sont en lien avec nos sous-traitants, précise-t-il, afin d’avoir un effet de masse. »

Les Accidents à haut potentiel

Bouygues Construction affiche, sur 2016, sur le plan mondial, un taux de fréquence des accidents du travail (avec arrêt) de 3,6 et un taux de gravité de 0,18. Des chiffres que l’on ne peut comparer aux moyennes françaises dans le BTP*. « Selon les pays, on s’arrête plus ou moins et on emploie plus ou moins de monde pour des chantiers de même taille, explique Philippe Villain. Cependant, selon notre benchmark, c’est deux à trois fois moins que dans les autres grands groupes du BTP. » Considérant qu’il « reste du chemin à faire », il préfère évaluer les accidents “à haut potentiel”, c’est-à-dire ceux qui ont eu ou auraient pu avoir les conséquences les plus graves sur des salariés. Ou encore, en France, des “indicateurs de vigilance” : les nombres de “stops” effectués, de visites du directeur de la filiale, de participation à des formations, etc. « Ils permettent d’être proactif », assure le directeur SST, qui n’exclut pas aussi de rééditer l’opération du 13 juin : « Avec le turnover, il faut sans cesse rappeler les messages ».

* Taux de fréquence : 40,3, taux de gravité : 2,8 (Cnamts, 2015).

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage