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Sur le terrain

Mobilité : Un outil web pour faciliter l’échange de salariés à SGS

Sur le terrain | publié le : 03.10.2017 | Adeline Farge

Pour pallier les déficits ponctuels de compétences en interne, le leader français du contrôle technique a lancé sa plateforme de prêt de salariés à but non lucratif. Les centres automobiles qui connaissent un pic d’activité peuvent recruter, de quelques semaines à quelques mois, des salariés chez leurs homologues moins surchargés.

Entre les pics d’activité, les congés et les arrêts maladie, gérer les absences est un casse-tête pour les dirigeants des centres de contrôle automobile. Pour leur éviter de fermer boutique par manque de personnel, le groupe SGS, leader de l’inspection et de la certification produits, a trouvé la parade : une plate-forme web dédiée à l’échange ponctuel de collaborateurs entre les affiliés de ses deux réseaux.

Un métier très réglementé

« Les gérants rencontrent des difficultés à recruter et à remplacer dans l’urgence leurs contrôleurs techniques. Ce métier est très réglementé. Il faut avoir un CAP dans le secteur automobile et suivre une formation spécifique de 203 heures, avant d’obtenir un agrément préfectoral qui est à valider chaque année. Et les rémunérations ne sont pas très attractives », remarque Sophie Ribardière, responsable du projet chez SGS.

Désormais, les responsables des 2 000 centres Auto Sécurité et Sécuritest, employant 3 500 contrôleurs techniques, peuvent se connecter gratuitement depuis intranet et internet à cet outil baptisé « Mon contrôleur », développé en interne par tous les services impliqués (RH-juridique, comptabilité, qualité, informatique, marketing). Les gérants y postent les annonces sur des contrôleurs dont ils peuvent se séparer temporairement, et ce avec leur accord. Ils précisent les dates de disponibilité, les zones d’intervention, l’expérience professionnelle, le matériel habituellement utilisé… En face, ceux qui ont un besoin de renfort choisissent les candidats correspondant à leurs attentes et contactent les centres auxquels ils sont rattachés. Une fois d’accord, les protagonistes signent une convention tripartite rappelant l’objet de la mission, sa durée, les conditions salariales. Celle-ci précise aussi que la prestation peut être prolongée et interrompue si les décisions sont motivées. « Le prêt de salariés n’est pas nouveau dans la profession, mais avant notre champ de recherche était restrictif. Avec la plate-forme, nous bénéficions d’une visibilité sur les disponibilités de contrôleurs techniques travaillant partout en France. C’est un vivier de compétences opérationnelles immédiatement. Les professionnels sont formés dans le réseau et connaissent notre fonctionnement », se réjouit Emmanuel Devineau, responsable du centre Sécurité-Auto Bilan de Saint-Quentin (02).

Aucune marge dégagée

De leur côté, les responsables des centres qui ont un agenda moins garni peuvent ajuster leurs charges salariales selon les variations de leur activité, en les déchargeant sur une autre entité, et ainsi éviter des pertes financières inutiles.

Conformément au Code du travail, aucune marge ne peut être dégagée. Le centre prêteur, qui continue à rémunérer le contrôleur durant la prestation, refacture à l’euro près le coût de son salarié, toutes charges sociales et frais professionnels compris – hébergement, repas, frais kilométriques etc.

« Le délit de marchandage est un point de vigilance. Pour être licite, le prêt de main-d’œuvre doit être non lucratif, occasionnel et se faire dans le cadre d’une mission définie. L’utilisation de la plate-forme engage la responsabilité des gérants qui s’exposent à des sanctions pénales en cas de non-respect de la législation », prévient Caroline Arquié, DRH du groupe SGS France, qui fournit un exemple de devis pour sécuriser les démarches.

Profitables aux gérants, les échanges seraient aussi bénéfiques aux contrôleurs volontaires, qui restent durant leur mission sous la responsabilité hiérarchique de leur employeur. « Cette expérience casse la routine du métier. En sortant de mon centre, je souhaitais utiliser de nouvelles machines, changer de clientèle et travailler avec une autre équipe. C’était aussi l’occasion de découvrir une ville et de nouer des contacts sur place. La prochaine fois, je suis prêt à partir beaucoup plus loin », raconte Aurélien Barron, contrôleur technique. Lancée le 15 juin 2017, la plate-forme affichait près d’une trentaine d’annonces en ligne. Si le groupe espère que 10 à 15 % de ses affiliés l’adopteront rapidement, gare aux frustrations : les patrons à la recherche d’une pépite risquent d’être bien plus nombreux que ceux prêts à s’en séparer.

Auteur

  • Adeline Farge