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L’enquête

Vinci : Booster la performance des dispositifs retraite

L’enquête | publié le : 03.10.2017 | H. T.

Le groupe a fait converger la gestion financière « actions » des grilles de gestion pilotée de son Perco et de son article 83. Objectif : dynamiser les rendements sur le long terme.

« Le sujet de la retraite est plus que jamais d’actualité, admet Stéphane Perrin, directeur rémunération et avantages sociaux de Vinci. Même si cela relève de la responsabilité de chacun de ses salariés, l’entreprise a un rôle à jouer pour les accompagner dans cette démarche. » Hormis la contribution de l’employeur au financement de dispositifs de retraite supplémentaire, « l’un des leviers consiste à mettre en place les outils les plus performants possible ». Précisément ce à quoi s’est attelé, cette année, Stéphane Perrin.

C’est en 2010 que le spécialiste mondial des concessions et de la construction, organisé de manière très décentralisée – les quelque 98 000 collaborateurs hexagonaux sont répartis dans 1 200 entités –, a lancé une approche globale sur la retraite avec la mise en place d’un Perco groupe. Nom de code : Archimède. Une première brique pour tous les volontaires, renforcée, en 2013, d’un article 83 pour les cadres et assimilés, baptisé Reverso. La logique de financement est la même pour les deux dispositifs : « Nous voulions quelque chose d’incitatif. Nous sommes donc sur du 50/50 », explique le directeur. Ainsi, l’abondement brut annuel au PercoG (pour les sommes issues de la participation et de l’intéressement et les versements volontaires) équivaut à 100 % du versement, dans la limite de 400 euros. Et la cotisation du 83, répartie à parts égales entre employeur et salarié, est de 1 % sur la tranche A, 2 % sur la tranche B et 4 % sur la tranche C. Là où existent des comptes épargne-temps, une passerelle est proposée vers Archimède et Reverso pour y placer des jours monétisés.

« Nous cherchons aussi à sensibiliser nos collaborateurs sur la problématique de la baisse du taux de remplacement moyen du salaire par la retraite, ajoute-t-il. Nous leur expliquons comment fonctionnent ces dispositifs complexes. Nos collaborateurs de plus de 50 ans sont les plus avertis sur le sujet et épargnent en grande majorité. Les plus jeunes expriment un intérêt plus relatif à l’égard des produits retraite. Pour beaucoup, l’horizon est trop lointain. Néanmoins leur perception change dès qu’on leur explique les bénéfices à court terme du Perco avec, par exemple, le cas de déblocage pour l’acquisition de la résidence principale. »

Concertation

Selon Stéphane Perrin, la concertation avec les partenaires sociaux est le maître mot. Si toutes les organisations syndicales ne sont pas nécessairement signataires, il n’y a pas, chez Vinci, de franche opposition. « Toute la difficulté consiste à trouver le juste équilibre entre les besoins d’épargne de court terme des collaborateurs(1) et la nécessité pour eux d’alimenter des dispositifs de long terme. » Aujourd’hui, un peu plus de 36 000 collaborateurs, soit plus du tiers de l’effectif français, ont déjà alimenté leur Perco. Et l’article 83 compte plus de 24 000 bénéficiaires.

Dans les deux cas, la majeure partie des salariés concernés a opté pour la gestion pilotée, avec une grille d’allocations permettant de réduire progressivement l’exposition au risque et de sécuriser l’épargne à l’approche de la retraite (des actions vers le monétaire pour le Perco, des unités de compte vers le fonds euros de l’assureur pour le 83). Avec le doublement de l’abondement il y a dix-huit mois et l’adoption progressive du 83 par les différentes entités, les flux se sont accélérés et la masse d’épargne est en augmentation constante.

Mutualisation des ressources

Deux dispositifs poursuivant les mêmes objectifs, mais deux gestions financières spécifiques : pourquoi ne pas les solidariser ? « Il n’y avait finalement aucune raison pour que la gestion actions du Perco et de l’article 83 soit différente. Le fait de faire converger la gestion financière et de mutualiser les ressources des deux dispositifs, nous a permis de faire baisser les frais de gestion et d’accéder à un panel élargi de supports d’investissements plus performants », explique Stéphane Perrin.

Peu fréquente, la manœuvre, qu’il a fallu expliquer aux représentants des salariés, a mobilisé l’assureur qui gère le 83, ainsi qu’Eres, partenaire conseil et courtier, et la direction financière de l’entreprise. Concrètement, Vinci s’est doté de deux véhicules d’investissement dédiés aux salariés du groupe : un FCPE pour le Perco et un FCP multigérants pour le 83. Désormais, le premier est investi à 100 % dans le second, le FCPE étant devenu « un fonds nourricier » du FCP. « C’est ce qui nous permet d’avoir la même gestion financière et des niveaux de frais identiques. »

L’opération a pris environ un an, dont une bonne partie a été consacrée aux processus de négociation avec les partenaires sociaux et aux délais de mise en œuvre imposés par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et le code des assurances. Un exercice qui n’a d’intérêt que pour des masses financières importantes, admet le responsable. Et si les bénéfices visibles attendus à court terme, tant pour l’entreprise que pour les collaborateurs, sont faibles, Stéphane Perrin est confiant dans la cohérence de la nouvelle structure. « Notre objectif est de générer un surplus de performance sur un horizon de cinq, dix ou quinze ans. »

Repères

Activité

Acteur mondial des métiers des concessions et de la construction.

Effectifs

183 500 collaborateurs dans le monde, 98 000 en France.

Chiffre d’affaires 2016

38,1 milliards d’euros.

(1) L’entreprise est équipée d’un pee, castor, majoritairement investi en actions Vinci. C’est le premier véhicule d’épargne des salariés.

Auteur

  • H. T.