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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Tendance | publié le : 26.09.2017 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Qui regarde des sites internet perso au bureau ?

Le cyberloafing, que l’on peut traduire en français par le fait de surfer sur Internet depuis son bureau et pendant ses heures de travail pour sa convenance personnelle (répondre à ses courriels personnels, lire des blogs sans lien avec son activité professionnelle…), est considéré comme un fardeau pour les employeurs. Cela réduit le temps de travail réel et l’engagement au travail, donc la productivité. De plus, cela pose des problèmes de sécurité informatique. Une étude indique que, dans 59 % des cas, l’usage d’Internet par les salariés ne serait pas pertinent pour leur travail.

Mais comment lutter contre ce phénomène ? Il y a quelques années, nombre d’entreprises croyaient avoir trouvé la parade en bloquant certains sites comme Facebook et Gmail. Mais les salariés sont désormais nombreux à disposer d’un smartphone personnel qui leur permet de passer outre ces limitations. Et l’entreprise ne peut faire face à toutes les ruses. Une entreprise américaine avait par exemple bloqué YouTube mais pas Dailymotion, sûrement inconnu du DRH américain, si bien que les Français pouvaient continuer à passer leur journée à regarder des vidéos s’ils le souhaitaient.

Pour lutter efficacement contre ces pratiques, il faut déjà connaître ce qui pousse les salariés au cyberloafing. Une étude de Kwanghyun Kim, María del Carmen Triana, Kwiyoung Chung et Nahyun Oh, publiée récemment dans la revue Human Resource Management, apportent des éléments de réponse. L’intérêt de cette étude réalisée à partir d’un échantillon de 247 salariés est qu’elle porte sur la personnalité et le contexte dans lequel évoluent les salariés.

Qu’en ressort-il ? Tout d’abord qu’il y a une corrélation entre traits de personnalité et surf en cachette sur Internet. Les salariés qui sont consciencieux et stables émotionnellement sont ceux qui sont les moins enclins à passer beaucoup de temps sur Internet pour leur convenance personnelle. Ce n’est guère surprenant car ce sont aussi les plus productifs. Par ailleurs, le sentiment de justice organisationnelle est aussi un facteur protecteur contre ce type de pratiques : ceux qui estiment que la justice règne dans les pratiques de leur employeur s’adonnent moins au cyberloafing. Là où ça se corse, c’est que même les plus consciencieux peuvent s’y adonner quand ils ont le sentiment qu’ils peuvent bien faire leur travail et à leur manière. Autrement dit, ils se disent que surfer sur Internet pour leur besoin personnel ne les empêche pas de bien travailler. Malheureusement, il est possible que certains sous-estiment le temps qu’ils y passent et la baisse de productivité qui en résulte.

On ne va pas se mentir : les auteurs concluent qu’étant donné ces résultats, il est difficile de lutter contre le cyberloafing. Voici pourtant quelques pistes d’action que l’on peut déduire de cette étude. D’abord, s’assurer de recruter des salariés consciencieux et stables émotionnellement. Ensuite, établir des procédures RH claires et transparentes pour éviter que les salariés ressentent un sentiment d’injustice organisationnelle. Enfin, les employeurs sont invités à mettre en place des normes d’usage d’Internet pour motif personnel. Les auteurs de l’étude estiment en effet qu’autoriser le cyberloafing pendant les pauses est plus efficace que l’interdire totalement.

Auteur

  • Denis Monneuse