Des alternatives au capitalisme
Parmi les théoriciens critiques du capitalisme, le sociologue américain Erik Olin Wright, auteur de cet essai récemment traduit en France, est l’un des plus pragmatiques. « Plutôt que domestiquer le capitalisme en imposant une réforme par le haut ou de briser le capitalisme par le biais d’une rupture révolutionnaire, l’idée centrale consiste à éroder le capitalisme en construisant des alternatives émancipatrices », énonce-t-il. Érudit et foisonnant, son livre prône l’expérimentation de nouvelles institutions et de pratiques sur le plan politique, économique et social, pour atteindre « un objectif post-capitaliste ». L’universitaire revendique « un pouvoir d’agir social », l’émancipation passant selon lui par une reprise en main des salariés sur le capital (l’idée des coopératives de travailleurs autogérés) ou par le revenu universel inconditionnel – brillamment argumenté – pour réduire les inégalités, voire pour créer un embryon d’autoemplois. On reste néanmoins dubitatif sur sa vision ambiguë du renouveau syndical, le sociologue appelant à plus d’indépendance financière des syndicats pour peser sur l’emploi, tout en défendant les vertus du modèle de cogestion à l’allemande… À cette réserve près, l’Américain fait mouche sur nombre de sujets, prévoyant la fin de l’ère néolibérale face à la disparition des emplois due au numérique et interpellant les politiques sur les défis de financements de biens publics face aux enjeux climatiques.