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L’enquête

Novo Nordisk : Un référendum positif, des résultats contestés

L’enquête | publié le : 26.09.2017 | Lou-Eve Popper

La consultation des salariés de cette société pharmaceutique sur un accord minoritaire relatif au temps de travail, sans doute la première après la loi El Khomri, a été entachée de pressions de la part de la direction, selon les syndicats opposants.

Un référendum d’entreprise n’est pas toujours synonyme de démocratie sociale. Les salariés de Novo Nordisk, société pharmaceutique danoise, basée en Eure-et-Loir, en savent quelque chose. En janvier 2017, à la demande de la CFDT, syndicat minoritaire, les 1 162 employés de l’usine de Chartres ont été appelés à se prononcer sur un accord qui devait modifier les horaires des équipes en travail posté. L’objectif ? Les faire travailler entre 10 et 25 minutes supplémentaires tous les jours, sans augmentation de salaire. Une façon pour la direction de doper la productivité du site. Le 10 février, jour du vote, près de 65 % des salariés se sont prononcés en faveur du texte.

Un résultat qui ne doit rien au hasard selon FO, qui avait appelé à voter contre. D’après Sébastien Macabies, délégué syndical central, « si on avait demandé leur avis aux seuls salariés concernés par la modification de leurs temps de travail, le camp du « non » l’aurait emporté ». En effet, 371 salariés travaillent en 4 x 8 et 5 x 8 chez Novo Nordisk. Or, sur les 960 votants, 336 ont désapprouvé le texte… De quoi faire tiquer la CGT, elle aussi opposée à l’accord. Pour le syndicat, cette méthode de consultation n’est pas la bonne : « Même s’il est légal de procéder de cette manière, cela instaure un climat de défiance au sein de l’entreprise », affirme Yann Le Gal, délégué syndical cégétiste.

FO dénonce également un chantage à l’emploi. « La direction a fait valoir auprès des employés que la pérennité du site était en jeu. Des ateliers ont été arrêtés pour tenir des réunions de services afin de les convaincre du bien-fondé de l’accord. On a dit aux futurs votants que s’ils voulaient garder leur poste, il fallait qu’ils acceptent de travailler vingt-cinq minutes de plus », assure Sébastien Macabies. Une note d’information destinée aux salariés est également venue leur rappeler que l’entreprise traversait une mauvaise passe au niveau mondial, une situation « impliquant 1 000 licenciements au sein du groupe ». Quelques jours avant le vote, l’employeur a également organisé un meeting au sein de l’usine, au cours duquel il a défendu la nécessité de voter le texte. « Toutes les lignes ont été arrêtées afin de s’assurer que tout le monde soit présent », rapporte Sébastien Macabies.

Rapport de force

Pour le syndicaliste, le rapport de force était clairement en faveur de la direction. « L’employeur a tous les moyens. Nous avons bien déposé des tracts mais ça n’a pas le même impact qu’une réunion de service. » La résistance de FO a tout de même déclenché le courroux de la hiérarchie : « Mon directeur était surpris par l’ampleur du “non”. Il m’a accusé de vouloir diviser l’entreprise », raconte ce dernier. Contactée, la direction de l’usine de Chartres, elle, n’a pas voulu répondre à nos questions.

C’est donc la CFDT qui s’est chargée de prendre sa défense. Pour Benoît Genonceau, délégué syndical, leur patron a simplement voulu communiquer auprès des salariés pour les informer du contenu de l’accord. « Tout le monde a dû mouiller le maillot pour rétablir la vérité, affirme le syndicaliste. Car FO et la CGT avaient organisé une politique de désinformation et réalisé un véritable un travail de sape. C’était proprement scandaleux. » Ambiance.

Repères

Activité

Production d’insuline et dispositif d’injection.

Effectifs

1 162 salariés.

Chiffre d’affaires

Non renseigné.

Auteur

  • Lou-Eve Popper