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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Tendance | publié le : 12.09.2017 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Amitié rime-t-elle avec productivité ?

Je me souviens d’un DRH qui me disait avoir du mal à se réjouir lorsque des couples se formaient entre des salariés de son entreprise. Loin d’être fier que son entreprise joue les entremetteuses à l’instar des sites de rencontres, il voyait le coup d’après : le risque de séparation et son lot de répercussions négatives pour le collectif. En effet, quand un couple pro domo se sépare, il y a le risque de création de clans au sein des collègues et de coups bas entre les deux ex-tourtereaux, en particulier si la séparation est douloureuse. Si jamais l’un des deux se remet ensuite en couple avec un autre collègue, on peut frôler la guerre atomique.

Aux relations sentimentales, les DRH préfèrent les relations amicales entre collègues. L’amitié est un sentiment généralement plus stable et plus durable qui peut d’ailleurs contribuer à casser les silos en étant à l’origine de plus de coopération entre les services. On peut aussi imaginer que les relations amicales réduisent le turnover. Mais les relations amicales au travail n’ont-elles que du bon ? Et contribuent-elles à rendre les salariés plus performants ?

Jessica Methot et deux autres chercheurs, N. Podsakoff et J. Christian, apportent des pistes de réponse à ces questions dans un article publié dans Personnel Psychology. Ils se sont en effet intéressés aux conséquences des « relations multiplexes », c’est-à-dire des relations à la fois amicales et professionnelles entre collègues. Ils ont alors exploré plusieurs terrains : une compagnie d’assurances, des magasins et des restaurants en demandant aux salariés de lister les collègues avec qui ils travaillaient le plus souvent et les collègues qu’ils considéraient comme des amis. Lorsqu’un nom apparaissait dans les deux listes, il s’agissait donc d’une relation multiplexe. Il était aussi demandé aux participants de répondre à des questions sur leur bien-être au travail, tandis que leurs managers devaient évaluer leur performance.

Résultat : ceux qui ont des relations amicales au travail sont plus performants que la moyenne. Ils déclarent aussi ressentir plus d’émotions positives dans leur activité comme, par exemple, l’envie de travailler et la fierté. Il y a toutefois un petit bémol : nouer et maintenir des relations à la fois professionnelles et amicales prend du temps et peut s’avérer épuisant. C’est ainsi que ceux qui ont beaucoup de relations multiplexes sont plus épuisés que les autres. Toutefois, nos trois chercheurs estiment que les coûts de l’amitié au travail sont inférieurs aux bénéfices à la fois pour les salariés et pour leur entreprise.

Ils conseillent donc aux dirigeants de développer des pratiques propres à créer des amitiés au travail. Ils suggèrent, par exemple, le développement de réseaux sociaux d’entreprise, ces Facebook internes qui permettent à la fois de collaborer et mieux connaître ses collègues. Reste aux DRH à prier pour que ces amitiés entre collègues ne se transforment pas en liens amoureux.

Auteur

  • Denis Monneuse