logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Europe : Vers un Erasmus de l’apprentissage

Sur le terrain | International | publié le : 12.09.2017 | Pascale Braun

Image

Europe : Vers un Erasmus de l’apprentissage

Crédit photo Pascale Braun

Le Parlement européen ouvre la voie à la « mobilité longue » qui permettrait aux apprentis d’effectuer leur formation en alternance dans le pays de leur choix durant six à douze mois. Mais les obstacles restent nombreux.

En théorie, rien ne s’oppose à ce que les apprentis européens effectuent en partie leur formation dans un des pays de l’Union mais, dans les faits, l’Erasmus de l’apprentissage s’avère à peu près irréalisable. « Les difficultés proviennent moins du financement que des disparités administratives et juridiques. Si les réglementations n’évoluent pas, la mobilité des apprentis à l’échelle européenne restera un vœu pieux ! », affirme Annie Perrinel, collaboratrice de Jean Arthuis. Le député européen centriste a lancé voici deux ans un programme pilote porté par les Compagnons du Devoir pour expérimenter une mobilité longue – de six à douze mois – à l’échelle de 12 pays européens. L’initiative doit déboucher à terme sur un nouveau contrat d’apprentissage porté par la France et applicable à l’ensemble de l’Union.

Placé, côté français, sous la double tutelle des ministères de l’Emploi et de l’Éducation, le projet a commencé par un gros patinage. En février 2016, le consortium European Apprenticeship Ambassadors-Go Further, réunissant 33 centres de formation émanant de 11 pays, a élaboré un projet mobilisant les fonds Erasmus au profit de 145 apprentis européens, dont la moitié de Français. Un financement de 782 000 euros, représentant 85 % du coût total du projet, a bel et bien été débloqué… mais les bourses sont arrivées trop tard ! La plupart des candidats ont dû renoncer à leur projet faute de pouvoir faire face aux frais de voyage, d’hébergement et de subsistance.

Volontarisme

Le volontarisme de certains centres de formation et de conseil régionaux, qui ont débloqué des fonds de solidarité ou pioché dans d’autres fonds de mobilité, ont néanmoins permis à quelques dizaines d’apprentis de partir.

« À l’occasion de cette première expérience, nous avons pris conscience des obstacles réglementaires, mais aussi des grandes différences d’approche de l’apprentissage d’un pays à l’autre. Les difficultés que nous avons rencontrées ont nourri nos travaux », témoigne Vanessa Duval, responsable de la formation à l’international chez les Compagnons du Devoir. À cet égard, le faux départ a été riche d’enseignements. Les 28 États membres proposent autant, voire plus de dispositifs d’apprentissage, certains pays présentant des différences notables d’une région à l’autre. Le contrat de travail qui lie l’apprenti à son employeur national pour sa formation pratique à l’étranger se heurte à des difficultés juridiques quasi insurmontables pour des formations longues. L’employeur français qui laisserait son apprenti se former chez un confrère lituanien serait tenu pour responsable en cas de d’accident du travail survenu dans ce pays. De même, un employeur polonais se devrait d’appliquer le droit du travail français pour accueillir un stagiaire venu de l’Hexagone. Volontaristes, certains CFA proposent des programmes de mobilité transnationale, mais pour des durées excédant rarement trois semaines consécutives.

Les échanges réalisés dans le cadre de la première phase ont été très positifs. « Nous n’avions jamais reçu de stagiaire étranger, mais nous sommes tout disposés à réitérer l’expérience. Les deux apprentis français que nous avons accueillis durant quatre mois nous ont initiés à la pâtisserie française et nous leur avons appris à confectionner nos propres produits traditionnels », témoigne Virpi Hirvonen, boulangère en Finlande.

En février dernier, la Commission européenne a lancé un deuxième appel d’offres pour concrétiser le projet initial. Toujours à la manœuvre, les Compagnons du Devoir, qui coordonnent 16 CFA français impliqués dans le programme, organisent la deuxième vague de départs à partir d’octobre 2017 – avec cette fois l’assurance que les bourses arriveront à temps.

La Commission européenne élabore en parallèle un projet de contrat d’apprentissage « parcours international » qui intégrerait dès sa signature une mobilité longue. Durant son stage à l’étranger, l’apprenti relèverait du statut d’étudiant des métiers. Son CFA d’origine veillerait à la qualité de la formation. Son contrat de travail avec son entreprise d’origine serait temporairement suspendu jusqu’à son retour. Sa rémunération serait identique à celle des boursiers d’Erasmus. Cette solution permettrait, en France comme en Europe, de revaloriser l’apprentissage en le plaçant à égalité avec l’enseignement universitaire.

Dans les médias

La repubblica. Un jeune Italien sur cinq sans emploi ni formation

Dans la tranche d’âge 15-24 ans, 37 % des jeunes Italiens sont au chômage et 20 % n’ont ni emploi, ni formation, contre une moyenne européenne de 11 %. Ce taux de Neet, acronyme anglophone de Neither in Employment nor in Education and Training, est le plus élevé des 28 pays de l’Union européenne. L’Italie compte également le plus fort taux de travailleurs indépendants d’Europe (22,6 %) et constitue le seul pays de l’Union à voir progresser le taux de grande pauvreté (12 % de la population en 2016). La Repubblica, quotidien généraliste, 17 juillet 2017.

Auteur

  • Pascale Braun