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Sur le terrain

Dialogue social : Solvay reconnaît les acquis de l’expérience syndicale

Sur le terrain | publié le : 18.07.2017 | Florence Roux

À Solvay France, la direction, la CFDT, la CFE-CGC et la CGT ont signé, fin avril 2017, un accord pour valoriser les acquis de l’expérience syndicale. À la rentrée, ils co-construiront un référentiel de compétences pour dix mandats, soit 90 personnes.

Animer un débat contradictoire, piloter une équipe, gérer un budget… Telles sont quelques-unes des compétences des représentants du personnel qui pourraient bientôt être reconnues dans les parcours professionnels chez Solvay France. Le 27 avril dernier, en effet, la direction de l’UES et les trois syndicats représentatifs, CFDT, CFE-CGC et CGT, ont signé un accord sur la valorisation des acquis de l’expérience syndicale et représentative (VAES).

Inscrit dans l’accord-cadre sur la rénovation du dialogue social du 31 mai 2016 (lire Entreprise & Carrières n° 1292 du 7 juin 2016), le nouveau texte précise la portée de la VAES, les mandats visés et le mode opératoire. Dix mandats lourds sont concernés, soit 90 personnes : délégué syndical central, membre du secrétariat du CE européen… Le référentiel de compétences reste à construire. « Ce document d’application influence l’avenir de la représentation, résume Maurice Tritsch, signataire pour la CFDT. Le mandat syndical doit être un travail comme un autre pour que nos futurs militants s’engagent. » Jean-Christophe Sciberras, DRH de Solvay France, renchérit : « Il ne faut pas que les salariés puissent encore avoir le sentiment de pâtir de leur engagement au sein de l’entreprise. »

Des situations diverses

Cependant, à la CFE-CGC où la majorité des représentants exercent plutôt un mandat occupant 20 % de leur temps, on souhaiterait aller plus loin. « Il faudrait aussi tenir compte des syndicalistes sans mandat mais engagés par exemple comme négociateurs, déclare Franck Bouquerel, secrétaire général du syndicat CFE-CGC chimie de Lyon. Et inclure aussi les élus qui n’interviennent qu’à 20 % de leur temps de travail, car très impliqués dans leur fonction professionnelle. Le risque, sinon, sera d’inciter au syndicalisme professionnel. »

À la rentrée, un groupe de travail paritaire élaborera, mandat par mandat, une fiche descriptive, un référentiel de compétences et un support d’évaluation. Le groupe est accompagné par l’association Dialogues, experte en dialogue social (choisie de manière paritaire, financée par Solvay). « Nous avons plus de 250 compétences en référence, explique Jean-Dominique Simonpoli, directeur général de Dialogues. Mais il est essentiel que la direction et les syndicats co-construisent leurs propres grilles. »

Chaque référentiel achevé, un représentant de la direction et un autre du syndicat évalueront les élus volontaires, estimant si une compétence est « maîtrisée », « acquise » voire si la personne est « en capacité de la transmettre ». « Les syndicats ont accepté que la direction apprécie avec eux la manière dont sont exercées les fonctions syndicales, estime Jean-Christophe Sciberras. Ce n’était pas évident pour tous. »

« Cette évaluation peut déclencher une reconnaissance ou un plan de formation, se félicite Maurice Tritsch. Nous pourrons postuler à d’autres emplois, évoluer, reprendre une activité professionnelle qui corresponde à ces compétences. » Selon Jean-Dominique Simonpoli, « la VAES favorise la fluidité entre les parcours syndicaux et professionnels ».

Une fois les compétences évaluées via ce système expérimental, les résultats s’intégreront dans les processus maison, analysés avec la méthode Hay qui permet de mesurer le poids de chaque poste. L’accord, prévu pour une durée indéterminée, sera suivi par une commission paritaire. Et, assure le DRH, « nous pourrons à l’avenir faire des avenants pour élargir la portée de ce texte, notamment à d’autres mandats ».

Auteur

  • Florence Roux