logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Retour sur… L’amélioration des conditions de travail des Atsem dans les écoles maternelles de Montataire

Sur le terrain | publié le : 11.07.2017 | Solange de Fréminville

Alertée en 2009 par la forte montée de l’absentéisme des Atsem, la Ville de Montataire (Oise) a engagé une démarche globale : prévention des risques professionnels, organisation du travail, professionnalisation, clarification de leurs missions…

En 2009, le taux d’absentéisme des Atsem de la commune de Montataire (Oise) a grimpé à 28 %. Un choc pour la collectivité, même si le phénomène n’est pas rare dans le milieu des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem), dont les journées sont intensives et les conditions de travail usantes. Ils secondent les enseignants, prennent soin des enfants et se chargent de multiples tâches, préparation des activités, rangement, nettoyage, sans oublier le déjeuner à la cantine qu’ils partagent avec les élèves.

La municipalité a aussitôt appelé au secours le préventeur du centre de gestion de l’Oise. Celui-ci a mené une étude ergonomique approfondie en observant les Atsem au travail, tandis que le CHSCT conduisait des entretiens individuels avec les 24 agents, en grande majorité des femmes, les interrogeant longuement sur leur parcours et leurs envies. Les deux enquêtes ont révélé des conditions de travail ardues, à rebours de la représentation commune de femmes de l’ombre ayant des tâches faciles, comme à la maison… « Les Atsem avaient une forte charge de travail dans une journée continue, sans pause, qui se finissait par le ménage, décrit Latifa Hasni, directrice générale adjointe de la Ville de Montataire en charge des RH. Le préventeur a identifié 42 postures contraignantes, et énormément de déplacements dans la classe, qui entraînaient des chutes liées à la fatigue accumulée. »

Usure physique et psychique

En plus des troubles musculo-squelettiques (TMS) et des chutes, le diagnostic a mis en évidence le stress des agents. Pas de remplacement en cas d’absence, reconnaissance insuffisante, tensions liées au flou de leur position et de leurs missions… « Les Atsem dépendent d’une double autorité, celle de leur employeur, la commune de Montataire, et celle du directeur de l’école. Cela génère des tensions. Quant à leur travail auprès des enfants et des enseignants, ils font plus que ce qu’ils devraient faire, ils n’osent pas refuser, ou ils acceptent parce que c’est intéressant de s’impliquer dans les aspects pédagogiques. Cela augmente les risques d’usure physique et psychique », observe Catherine Giardina, DRH adjointe. Il n’empêche que « les Atsem ont une grande conscience professionnelle et un fort attachement à leur métier, au point qu’il est très difficile de les inciter à faire une pause ou à s’asseoir de temps en temps », souligne Latifa Hasni.

La démarche de prévention engagée en 2009 a impliqué dès le début l’inspection d’académie et des enseignants des écoles maternelles. Ce qui a permis d’introduire d’importants changements, avec leur accord. D’abord en équipant les Atsem et les enseignants d’un matériel destiné à réduire fortement les risques de TMS. Chaises et tabourets ergonomiques à hauteur d’enfant dans les classes, les couloirs et les toilettes, agrafeuses électriques, ciseaux ergonomiques… Et pour le nettoyage, des chariots qui permettent de transporter le matériel. L’employeur a également aménagé des postes de travail, trois Atsem ayant subi des restrictions médicales, et a envoyé toute l’équipe en formation “gestes et postures”.

Ensuite, en réorganisant le travail dans les classes. « Les Atsem faisaient tout à la place des enfants, elles les habillaient, passaient leur temps à coller des dessins, à confectionner des cahiers avec des bouts de laine…, se souvient Latifa Hasni. Nous avons revu le projet éducatif, dans le but de développer l’autonomie de l’enfant et de favoriser des activités simples. » Autre changement important : les tables ont été disposées en U dans les classes. L’Atsem se met au milieu, ce qui lui permet de se déplacer assis avec sa chaise ergonomique et d’éviter de se pencher.

Une formation sur-mesure

Résultat : l’absentéisme est tombé à 10 % en 2012. C’est plus qu’en 2007, quand il atteignait 7 %. Et « il a un peu remonté ensuite à cause de l’augmentation de la charge de travail liée à la mise en place des activités périscolaires », selon Latifa Hasni. Aussi la commune a-t-elle renforcé sa politique d’accompagnement. Il y a trois ans, les Atsem ont bénéficié d’une formation sur-mesure animée par le CNFPT, étalée sur 20 mois et composée de 3 modules de 3 ou 4 jours chacun, sur leur place dans l’équipe éducative, leur rôle et leurs missions, la bientraitance et la maltraitance. Une démarche qui visait à les professionnaliser, une partie n’étant pas titulaire du grade d’Atsem ou n’ayant pas le CAP Petite enfance, mais aussi à les valoriser, les reconnaître, et ainsi favoriser la prévention.

Dans le même objectif, leurs fiches de poste ont été redéfinies. Cette année, la DRH a élaboré une charte avec 5 Atsem, leur encadrant et le CHSCT. Elle devrait être mise en œuvre à partir de la rentrée 2017. « Il s’agit de clarifier les missions des Atsem vis-à-vis des enseignants, des enfants, des parents, de partager les tâches et les responsabilités. On a aussi aménagé les pauses : 20 minutes pendant la récréation du matin, et autant en milieu d’après-midi », détaille Catherine Giardina. Autres initiatives : le “quart d’heure sécurité”, qui réunit l’encadrant et les agents depuis la fin 2016, à un rythme variable, pour améliorer la prévention des risques. Et l’achat de balais articulés, de pelles à poussière avec manche réglable, ou encore de lingettes avec petits récipients, pour alléger les tâches ménagères.

Auteur

  • Solange de Fréminville