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Sur le terrain

Mécénat de compétences : Nestlé France s’investit auprès des décrocheurs

Sur le terrain | publié le : 11.07.2017 | Adeline Farge

Partenaire de l’association Énergie Jeunes, depuis 2014, l’industriel incite ses collaborateurs à animer dans les collèges des quartiers, proches de chez eux, des ateliers sur la persévérance et l’autodiscipline. À la clé, une formation expresse et du temps libéré.

La rentrée 2017 va marquer une nouvelle étape dans l’engagement de Nestlé France (13 000 salariés) auprès des décrocheurs, lesquels sont environ 150 000 dans l’Hexagone à quitter l’école sans aucun diplôme chaque année. Le géant de l’agro-alimentaire va en effet offrir à ses salariés proches de la retraite la possibilité d’être détachés à temps plein ou partiel auprès de l’association Énergie Jeunes en vue de remettre en selle des élèves en difficulté. Ceci au sein d’un partenariat noué en 2014, dans le cadre du mécénat de compétences avec l’association, qui a initié cette année 100 000 collégiens des quartiers défavorisés à la persévérance scolaire et à l’autodiscipline.

Faciliter l’insertion

« La lutte contre les échecs scolaires est un enjeu majeur pour la société, mais aussi pour les entreprises. Alors que le groupe compte nombre de salariés en fin de carrière et a des besoins en recrutement, nous ne pouvons pas prendre le risque de perdre une génération de talents. Nestlé cherche donc à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes en les soutenant dans la réussite de leur parcours scolaire », explique Cécile Delestre, directrice attraction et développement des talents chez Nestlé. Newsletter, distribution de flyers, campagne d’affichage… Pour susciter les vocations, l’entreprise mise sur la sensibilisation. Elle organise dans ses usines et ses sièges des réunions d’information en présence des membres d’Énergie Jeunes et de salariés déjà investis dans l’association.

Depuis trois ans, une soixantaine de volontaires des six sites impliqués* interviennent ainsi sur leur temps de travail dans les collèges d’éducation prioritaires de leur département, selon les besoins identifiés par l’association. Aux côtés des enseignants, ils animent en binôme des ateliers spécifiques. Leurs missions : remotiver les élèves qui s’ennuient, se sentent incompris ou isolés ; leur redonner confiance dans leurs capacités et les amener à adopter de nouvelles habitudes de travail telles se concentrer en classe, faire ses devoirs, se coucher de bonne heure. « Notre rôle est de les faire participer, de les écouter et de les conseiller. Au cours des séances, nous les aidons à prendre des engagements sur ces points. Nous leur donnons ainsi des clés de réussite pour leur scolarité et nous les poussons à s’investir dans leur travail », raconte Rémi Thevenot, data manager et volontaire.

Mises en situation

Si le programme est ouvert à tous quel que soit leur métier, la première condition pour être opérationnel est de suivre durant un samedi une formation organisée par Énergie Jeunes. En compagnie d’autres futurs intervenants (salariés d’entreprises partenaires, indépendants, retraités, service civique), ils s’entraînent à animer les ateliers, à réagir en cas d’imprévus. « Gérer un groupe d’adolescents parfois turbulents ne s’improvise pas. Grâce à des mises en situation réelles, les volontaires vont prendre de l’assurance et se familiariser avec le contenu pédagogique. Nous ne les lâchons pas tout seuls devant une classe », précise Philippe Korda, président d’Énergie Jeunes. Autres prérequis, pouvoir jongler avec son agenda professionnel. Ceux qui se sont inscrits auprès de la DRH bénéficient de trois demi-journées par an. Ensuite, ils s’appuient sur le contenu pédagogique concocté par Énergie Jeune, réparti en 12 modules de 55 minutes, et dispensé de la sixième à la troisième, avec des vidéos témoignages, des jeux et exercices interactifs, des débats. En utilisant le temps de travail offert, chacun peut assurer trois modules sur l’année scolaire au sein d’une seule classe. Il peut aller au-delà, mais ce sera sur son temps personnel.

Les séances sont par ailleurs l’occasion pour les salariés de partager avec les collégiens leurs expériences professionnelles. Et ce, même s’ils ne peuvent pas faire la promotion de leur employeur. « C’est la première fois que les élèves voient intervenir dans leur classe des salariés de grandes entreprises. Ces rencontres leur ouvrent le champ des possibles. Ils découvrent de nouveaux métiers. Bien souvent, ils ne connaissent personne dans leur entourage qui occupe un emploi qualifié. On leur prouve qu’il est possible de réussir ses études et de décrocher un emploi stable à condition de persévérer », souligne Philippe Korda.

Entre les améliorations de notes et de comportement des élèves, le programme a fait ses preuves. Et il transforme les participants. « Ce volontariat donne du sens à leur carrière. En se retrouvant devant une classe, ils ont l’opportunité d’étayer leurs compétences en communication et leurs capacités d’adaptation. Grâce à ces qualités, ils seront plus performants dans leur métier », constate Cécile Delestre, qui note que ce partenariat a renforcé la fierté d’appartenance au groupe.

* Paris, Noisiel, Saint-Étienne, Saint-Pol-sur-Ternoise, Vélizy, Vergèze.

Auteur

  • Adeline Farge