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Jean-Christophe Debande directeur de projet à entreprise & personnel

La semaine | L’interview | publié le : 11.07.2017 | Emmanuel Franck

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Jean-Christophe Debande directeur de projet à entreprise & personnel

Crédit photo Emmanuel Franck

« Les grandes entreprises sont divisées sur l’opportunité de la loi Travail II »

Que pensent les entreprises adhérentes d’Entreprise & Personnel du projet de loi Travail porté par Muriel Pénicaud ?

Ce projet est pensé pour les PME davantage que pour les grandes organisations. La fusion des IRP peut être relativement simple dans une entreprise monosite de taille moyenne mais, dans les grandes organisations, elle va déstabiliser des équilibres laborieusement construits et l’organisation des élections va devenir un casse-tête. Par ailleurs, la concentration des mandats ne va pas dans le sens d’un dialogue social de proximité et peut conduire à politiser des sujets locaux, rendant impossible la construction de compromis.

La loi ne va donc pas simplifier la vie des entreprises ?

Je ne le pense pas. La constitution des trois blocs – domaines que la loi réserve à la branche, domaines que la branche se réserve, domaines de l’entreprise par défaut – est aussi une source de complexité : avant de s’emparer d’un sujet, les entreprises qui voudront négocier devront d’abord s’assurer qu’il n’a pas déjà été traité au niveau supérieur. Quant au salarié, il devra avoir lu tout le droit conventionnel. Le déport du droit du code vers la négociation va entraîner sa « féodalisation » : un droit du travail par entreprise. Comme le dit adroitement la ministre du Travail, il n’y aura pas « un Code du travail par entreprise », mais le code n’est que l’une des composantes du droit du travail.

Le renforcement de la négociation dans les entreprises ne répond-il pas à une attente de celles-ci ?

L’insistance mise sur la négociation d’entreprise vient du monde patronal et des experts ; elle surprend les acteurs – RH et syndicats – dans les entreprises. Ces derniers se plaignent, depuis plusieurs années, de l’excès de négociations et n’en attendent pas de nouvelles.

La consultation des salariés va-t-elle dans le bon sens ?

La consultation comporte des risques. Les grandes entreprises disent déjà que le référendum sur un accord minoritaire est difficile à enclencher car il risque de marginaliser les syndicats demandeurs en cas de « non » des salariés. Enfin, la consultation fait prendre le risque de diviser le corps social. Nous faisons l’hypothèse que le recours au référendum sera marginal.

Auteur

  • Emmanuel Franck