« Les cordonniers sont souvent les moins bien chaussés », selon Marie Bécourt Foch, DRH d’Optic 2000. Alors la première action de la démarche bien-être au travail commencée en 2015 a été de mettre en place un atelier visuel comprenant deux sessions d’une heure destinées à apprendre à préserver sa vue au travail pour les 450 salariés du siège, dont la plupart travaillent sur ordinateur. D’autant plus que « généralement, quand on démarre une démarche de qualité de vie au travail, on ne commence pas par la prévention visuelle et auditive, mais par des ateliers de nutrition ou sur les troubles musculosquelettiques », note Sandrine Ladoux, directrice de la communication d’Optic 2000. Au programme, des conseils pour éviter la fatigue visuelle en apprenant à régler son écran ou « des exercices de yoga des yeux, consistant à les fermer pendant une minute et à placer ses mains dessus », précise-t-elle. Béatrice Genet, représentante CFE-CGC au comité d’entreprise, se souvient d’une simulation « qui montrait comment on peut abîmer ses yeux quand le bureau n’est pas bien éclairé ou l’ordinateur mal placé. On s’en souvient après et on y prête attention ».

Le sondage OpinionWay réalisé en juin 2016 pour l’Observatoire groupe Optic 2000(1) note que 84 % des médecins du travail évaluent la vision : lire le tableau de lettres de l’alphabet est plutôt courant. En revanche, la vérification de l’audition se fait seulement une fois sur trois. « Les médecins du travail possèdent rarement du matériel ou ne serait-ce que des tablettes pour réaliser un test auditif », souligne Sandrine Ladoux. Ce qui a poussé l’entreprise, en novembre 2016, à donner l’accès à des diagnostics auditifs à ses salariés du siège. Ils ont également assisté à des conférences animées par un ORL sur les moyens de préserver leur capital auditif en portant un casque anti-bruit, par exemple. « Cela fait presque quarante ans que je travaille et on ne m’avait jamais proposé de dépistage auditif auparavant. C’est intéressant que cela puisse se faire via l’entreprise directement puisque la médecine du travail ne le réalise pas », commente la représentante de la CFE-CGC.

L’action de prévention est d’autant plus importante que même si, pour l’heure, la moyenne d’âge des salariés du siège est proche de 40 ans, la population est vieillissante. « Comme les gens qui doivent s’appareiller ne le font pas en majorité, notamment du fait du frein psychologique, le but est de le lever le plus tôt possible », assure Sandrine Ladoux. Car, selon le sondage OpinionWay, la majorité des plus de 50 ans sont touchés par le vieillissement de la vue ; et près d’un tiers par celui de l’audition. Pour autant, 90 % d’entre eux ne sont pas équipés d’aide auditive et un actif sur deux estime que ses problèmes d’audition ont un impact sur sa vie professionnelle. Huit sur dix pensent que la peur de ne pas tout saisir en réunion augmente leur stress au travail. « À la suite des diagnostics, le but est d’améliorer la prévention, sachant que la fatigue au travail est accentuée par la fatigue visuelle et auditive », souligne quant à lui Didier Papaz, PDG d’Optic 2000. Et à long terme, au niveau RH, « nous sommes davantage attentifs aux questions d’insonorisation, d’éclairage et de luminosité dans l’aménagement des bureaux, pour éviter les effets de réverbérations, par exemple », illustre la DRH.

Depuis septembre, Optic 2000 propose ses services pour réaliser des diagnostics visuels et auditifs et des conseils en prévention auprès d’autres entreprises,– onze pour le moment -, afin d’exporter la démarche testée et approuvée par ses salariés du siège.