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La semaine

Prévention : Des politiques de santé à améliorer

La semaine | publié le : 20.06.2017 | Sabine Germain

Le premier baromètre de la santé et de la sécurité au travail réalisé par Prévisoft, conseil en prévention des risques professionnels, révèle un certain retard des entreprises dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur politique.

On peut voir le verre à moitié plein : 91 % des entreprises interrogées par Prévisoft dans le cadre de son premier baromètre de la santé et de la sécurité au travail publié le 19 juin*, déclarent avoir formalisé une politique de santé et sécurité au travail. Mais on peut aussi voir le verre à moitié vide : en regardant d’un peu plus près les réponses des 300 entreprises sondées, on peut s’interroger sur la profondeur de leur engagement. S’agit-il simplement de se mettre en conformité avec leurs obligations légales et réglementaires ? Ou sont-elles réellement engagées dans la réduction et la prévention des risques ?

La question mérite d’être posée, alors que 16 % des entreprises n’assument pas l’obligation qui leur est faite d’élaborer et de mettre un jour un document unique (DU) d’évaluation des risques professionnels. Parmi les 84 % d’entreprises qui se sont pliées à l’exercice, 12 % ne mettent pas leur DU à jour et 25 % ne mettent aucun plan d’action en œuvre. On peut dès lors se demander à quoi leur sert ce DU (lire aussi les résultats de l’enquête de Réhalto ci-contre).

Dilettantisme.

Indice concret d’une forme de dilettantisme des entreprises dans leur approche de la santé et de la sécurité au travail : seulement 65 % d’entre elles assurent systématiquement des formations spécifiques pour les salariés occupant des postes à risques. Pire : 18 % reconnaissent n’avoir mis en place aucun plan de formation relatif à la santé et la sécurité au travail, alors même que certaines formations sont obligatoires (habilitation électrique, manipulation des extincteurs, formation à la conduite, etc.)

Inutile de dire que les salariés en intérim, en CDD et les sous-traitants sont encore moins bien lotis que les salariés en CDI. 16 % des entreprises avouent ne procéder à aucune analyse des risques lors de l’intervention d’une entreprise sous-traitante sur leur site, alors même que 8,7 % d’entre elles ont déclaré au moins un accident du travail concernant un sous-traitant au cours des deux dernières années. Pire encore, un quart d’entre elles ne forment pas systématiquement les salariés en CDD et en intérim à leurs règles de sécurité.

L’analyse de la sinistralité mérite, elle aussi, d’être améliorée : trois quarts seulement des entreprises analysent systématiquement les causes des accidents du travail et des maladies professionnelles. Ces retours d’expérience sont pourtant un levier essentiel d’amélioration.

Au regard des carences de leur politique de santé et sécurité, on peut dire que les entreprises font plutôt preuve de bonne volonté dans leur approche de la pénibilité. Surtout si l’on considère le flou des intentions du gouvernement en la matière ! Alors que le président de la République penche pour un moratoire sur la mise en œuvre des six derniers critères de pénibilité, 82 % des entreprises ont d’ores et déjà réalisé leur diagnostic pénibilité. De quoi donner de sérieux regrets aux partenaires sociaux si ce dispositif venait à être dénaturé.

* Enquête menée entre avril et mai 2017 auprès de 300 entreprises de plus de 50 salariés.

Auteur

  • Sabine Germain