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QVT : Attention à la surcharge collaborative

La semaine | publié le : 06.06.2017 | Virginie Leblanc

Les salariés voient leurs journées polluées par des sollicitations sans lien direct avec leur métier ou par des réunions inutiles, selon une étude.

Une large majorité des salariés (73 %) déclare avoir le temps de faire correctement leur travail. Résultat surprenant issu d’une étude réalisée par OpinionWay en avril auprès d’un échantillon représentatif de 1 012 salariés*, pour le compte du cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans la promotion de la qualité de vie au travail (QVT) et la prévention des risques psychosociaux. Entreprise & Carrières publie ce jour ses conclusions en avant-première.

L’enquête apporte toutefois des nuances à ce constat en analysant plus en détail la perception par les salariés de leur charge de travail. Ainsi, le quart de celle-ci proviendrait de demandes qui ne concernent pas directement leur activité. Régulièrement interrompus et sollicités, 41 % d’entre eux avancent sur leurs tâches très tôt le matin et plus rarement le soir à la maison (3 %) et le week-end (2 %). « En réalité, il existe une surcharge collaborative qui doit donc aussi être prise en compte pour avoir une évaluation plus juste de la charge de travail des salariés, analyse Jean-Pierre Brun, consultant associé à Empreinte Humaine, professeur titulaire de management à l’université Laval (Québec). Il faut pouvoir mesurer ce que l’on appelle la charge réelle de travail et non uniquement ce qui est prévu dans les descriptions de poste ».

Autre élément à prendre en compte : certains outils peuvent demander plus de temps qu’avant pour exercer une tâche, sans compter ceux qui ne fonctionnent pas ou mal.

En outre, pour 28 % des salariés, les décisions sont devenues plus lentes. « La surcharge collaborative a pour avantage de consulter un large éventail de personnes, mais du même coup de ralentir la prise de décision. Des études récentes ont aussi démontré que ces approches consensuelles ne sont pas nécessairement gage de performance », remarque Jean-Pierre Brun.

« Réunionite »

À prendre aussi en compte dans la charge de travail, la quantité de réunions. Elle semble acceptable dans les résultats de l’étude : les salariés consacrent plus de trois semaines de réunion de travail par an en moyenne, et près du double pour les cadres. Mais seule une sur quatre aboutit à une prise de décision et seulement 52 % des réunions sont considérées comme productives. Par conséquent, les salariés y font autre chose : 50 % consultent ou envoient des e-mails et 40 % travaillent leurs dossiers… Avec le sentiment de perdre son temps, « la charge de travail vécue est augmentée », souligne le consultant.

L’étude révèle également que les salariés manquent d’autonomie pour maîtriser leur charge : 44 % d’entre eux peuvent prendre moins d’une décision sur deux. Ceci « alors même qu’une des solutions pour mieux la gérer est de donner un pouvoir de régulation aux salariés et aux managers, observe Jean-Pierre Brun. Les salariés ne peuvent par exemple même pas refuser d’assister à une réunion, tout en sachant qu’elle n’est pas utile. Les organisations restent très hiérarchiques en France. » Loin des expériences d’entreprises libérées…

* Échantillon de 1 012 salariés, travaillant dans des entreprises publiques ou privées employant 500 salariés ou plus.

Auteur

  • Virginie Leblanc