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Sur le terrain

Intégration : À Orange, les jeunes parlent aux jeunes

Sur le terrain | publié le : 30.05.2017 | Lou-Eve Popper

Pour fidéliser ses jeunes talents, Orange a voulu rajeunir le volet accompagnement professionnel de son Graduate Programme. Depuis octobre, une association réalise avec eux des bilans de compétences 2.0. Le succès est au rendez-vous.

Selon une étude publiée par l’Edhec Business School en 2014, 43 % des jeunes diplômés quittent leur premier emploi au bout de vingt mois. Pour les fidéliser, Orange a sorti en 2002 son joker : un Graduate Programme. Réservé aux jeunes talents des meilleures écoles d’ingénieurs ou de commerce, identifiés comme futurs cadres dirigeants, ce parcours d’excellence de cinq ans leur permet de découvrir trois postes, dont l’un à l’international, d’avoir des missions variées, de bénéficier de formations et d’un accompagnement professionnel.

Des langages différents

Mais, sur ce dernier point, Orange n’a pas toujours été à la hauteur. Marie-Charlotte Perceval, qui dirige le Graduate Programme depuis 2015, en convient : « En arrivant à mon poste, je me suis rendu compte que les jeunes n’étaient pas complètement satisfaits par le suivi de carrière qu’on leur proposait. Nous ne parlions pas le même langage qu’eux ».

En tapant le mot « intergénérationnel » sur Internet, elle découvre l’association SoManyWays, fondée en 2016 dans un esprit start-up par deux jeunes femmes de 28 ans. Leur objectif ? Accompagner les jeunes dans leurs parcours professionnel. « Nous souhaitons qu’ils apprennent à identifier leurs aspirations et qu’ils soient capables de les exprimer. Nous voulons aussi les amener à se créer des opportunités dans l’entreprise, à cesser d’être attentiste », explique ainsi Anaïs Georgelin.

Le profil des deux cofondatrices plaît tout de suite à Marie-Charlotte Perceval : « Elles font partie de la même génération que nos Graduate et partagent des représentations identiques sur l’entreprise, sur ce qu’on attend d’un manager, sur la façon de gérer son temps de travail ou encore sur les locaux où l’on aime travailler. » Conquise, elle les embauche en octobre dernier.

À l’extérieur de l’entreprise

Les deux jeunes femmes connaissent d’autant mieux les attentes des jeunes du Graduate qu’avant de bâtir leurs séminaires, ces dernières ont réalisé une enquête qualitative auprès d’eux. Une initiative que plébiscite Marie-Charlotte Perceval : « Ça permet de s’adapter très vite à leurs participants. » En outre, Anaïs Georgelin et sa collègue Marianne Figarol ne sont pas des débutantes. Car elles animent depuis plus d’un an déjà des ateliers avec des jeunes en recherche d’emploi ou en transition professionnelle. Une donnée qui rassure Marie-Charlotte Perceval : « Cette expérience auprès des jeunes les différencie des grands cabinets. Elles connaissent les questions qu’ils peuvent se poser lorsqu’ils recherchent un emploi, les outils qui marchent, les supports qui les intéressent, leurs souhaits en termes de formats. »

Au cours des ateliers, l’ambiance est détendue. D’abord, parce qu’ils ont lieu en petits groupes à l’extérieur de l’entreprise. Ensuite parce qu’ils sont souvent ludiques. Dans la journée, les jeunes réalisent leur bilan professionnel à l’aide d’images découpées dans des magazines ou bien se projettent dans le job de leurs rêves au cours de petites saynètes. De plus, les animatrices s’appuient sur une pédagogie plus souple que la plupart des cabinets qui proposent des bilans de compétences. « Avec elles, il n’y a pas un savoir qui descend. Tout le monde est sur un pied d’égalité. Cela plaît aux jeunes pour qui la notion de hiérarchie n’a pas grand sens », rapporte Marie-Charlotte Perceval. Résultat, SoManyWays remporte tous les suffrages. D’après la directrice du Graduate Programme, « leurs ateliers suscitent un réel enthousiasme chez nos jeunes ! Personne n’a encore exprimé la moindre critique ».

Sébastien, qui a participé à une session en octobre, est ressorti ravi. Surtout d’avoir travaillé en binôme avec ses camarades : « J’ai trouvé l’approche one-to-one intéressante. Ces séminaires sont différents des formations que l’on reçoit habituellement, qui sont plus souvent magistrales. » En outre, Sébastien a apprécié d’avoir des animatrices de son âge : « Anaïs et Marianne ont été confrontées à des difficultés que nous avons également vécues à notre entrée sur le marché du travail. C’est plus facile pour évoquer nos problèmes et nos priorités. » Pari tenu donc pour Orange.

Auteur

  • Lou-Eve Popper