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Sur le terrain

Retour sur… La démarche participative de l’Ucanss

Sur le terrain | publié le : 16.05.2017 | Violette Queuniet

EN 2015, après un baromètre social en demi-teinte, l’Union des caisses nationales de Sécurité sociale a lancé une démarche participative autour de l’organisation et des conditions de travail. Un plan d’action est en cours, faisant suite aux propositions des salariés.

Fédération d’employeurs du régime général de la Sécurité sociale, l’Ucanss (Union des caisses nationales de sécurité sociale) compte 225 salariés – majoritairement des experts – avec une moyenne d’âge de 40 ans. Et un certain nombre d’attentes en termes de management… C’est ce qui est ressorti du baromètre social interne (BSI) administré fin 2014. Tout en se déclarant satisfaits de leur travail, les collaborateurs regrettaient l’opacité de la politique salariale, se plaignaient de la charge de travail, d’un manque de reconnaissance et déploraient le manque de transversalité dans les relations de travail.

Au vu de ces résultats, la direction a décidé de lancer une démarche participative. « Plutôt que de traiter ces sujets en petit comité, nous avons dit aux collaborateurs de nous proposer des solutions en organisant des groupes de réflexion autour de trois grands thèmes : mieux nous organiser ; renforcer les collectifs de travail ; favoriser la reconnaissance individuelle et collective de son travail », indique Gaudérique Barrière, directeur délégué de l’Ucanss.

Le principe a plu aux salariés, puisqu’ils ont été 110 volontaires à rejoindre, durant le troisième trimestre 2015, onze groupes de réflexion animés par un prestataire extérieur. Il en est ressorti une soixantaine de propositions, qui ont été examinées par un comité de sélection. Celui-ci était composé à parts égales de membres du comité de direction, de managers et de non-managers. Critères de choix : la faisabilité à un coût raisonnable et la pertinence des solutions en regard des points négatifs mis en évidence dans le BSI.

33 propositions retenues

Au final, 33 propositions ont été retenues. Se côtoient des choses très concrètes – décloisonnement de bureaux pour faciliter le travail collaboratif, mise en ligne d’un organigramme à jour de l’Ucanss sur le réseau social interne, dématérialisation des parapheurs, installation de douches pour les salariés faisant un footing à la pause de midi, etc. – et des propositions touchant à l’organisation : révision du processus de politique salariale, meilleurs accompagnements des projets de mobilité des salariés…

La mise en œuvre a démarré début 2016. La direction s’est tout de suite attaquée aux sujets qui fâchent. Ainsi, l’entretien annuel d’évaluation a été connecté aux « attributions de mesures salariales non automatiques » (primes, augmentations), ce qui n’était pas le cas auparavant. À l’issue de l’entretien, le manager peut dire au collaborateur s’il le propose pour une augmentation ou non. D’autres mesures, plus symboliques, ont été prises, comme « les petits-déjeuners du directeur », une rencontre régulière entre le DG et les salariés, en effectifs réduits, pour favoriser le dialogue.

L’impact sur le moral des troupes n’a pas tardé à se manifester. En avril 2016, le nouveau baromètre social interne a enregistré des résultats en hausse sur plusieurs sujets, selon la direction : 15 points de mieux sur la compréhension de la politique de rémunération, 10 points sur la satisfaction globale au travail.

Le cloisonnement effacé

Le plan d’actions suit son cours. À ce jour, un tiers des propositions se sont concrétisées, un tiers ont été engagées (elles font l’objet d’études de faisabilité), le reste n’a pas encore été traité.

Sylvain Lamiral, juriste en relations sociales et négociations, a fait partie du comité de sélection. Au départ, il avait hésité, craignant une parodie de consultation de la base. Ses doutes se sont dissipés après les remontées de ses collègues ayant participé aux groupes de travail. « Dans ces groupes, la parole était très libre, pas du tout orientée, tout comme dans le comité de sélection, témoigne-t-il. Les échanges se sont faits d’égal à égal, toutes les formes de hiérarchie et de cloisonnement entre activités étaient effacées. »

Une politique salariale opaque

La démarche a-t-elle impulsé « une dynamique nouvelle » au sein de l’Ucanss, comme l’affirme le directeur délégué ? Écouter la base était en tout cas une première au sein de cette organisation très hiérarchisée. « Le sentiment de pouvoir s’exprimer s’est amélioré », reconnaît Frédéric Belouze, délégué syndical CFTC et secrétaire du comité d’entreprise. Tout en estimant que la politique salariale demeure toujours opaque.

« Certaines choses vont dans le bon sens : la dématérialisation de certaines procédures, l’association des salariés à la rédaction de la COG* – qui a été vraiment appréciée –, le nouvel accord de GPEC qui vient d’être signé pour favoriser les mobilités », énumère son collègue CFTC Frédéric Grignon, secrétaire du CHSCT. Ce dernier regrette toutefois l’absence de réponse à la charge de travail, en augmentation à cause de départs en retraite non remplacés. Le principe de la démarche participative lui paraît néanmoins intéressant, en particulier vis-à-vis des nouvelles générations, « qui ont besoin de plus d’autonomie et de prise d’initiatives. Elles ont d’autres attentes à l’égard du management et cela ne fera que se renforcer ».

Au service de la branche de la Sécurité sociale

L’Ucanss représente les employeurs du régime général de la sécurité sociale (Cnam, Cnav, Cnaf et Acoss) lors des négociations de branche. C’est elle qui négocie et conclut les conventions collectives nationales. Elle assure les tâches mutualisées de la gestion des RH (évaluation, formation du personnel), ainsi que des missions d’intérêt commun (opérations immobilières, achats…).

* Convention d’objectifs et de gestion (les COG sont conclues entre l’État et les caisses nationales des principaux régimes de Sécurité sociale).

Auteur

  • Violette Queuniet