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L’enquête

Hôpital de Cannes : L’établissement développe la « green attitude » en ses murs

L’enquête | publié le : 25.04.2017 | Solange de Fréminville

À la pointe de la protection de l’environnement depuis huit ans, l’établissement azuréen a mis en place des actions de sensibilisation et de formation engageant ses agents de tous statuts à avoir les bons gestes écologiques. Une démarche participative qui a permis de verdir certains métiers.

« C’est une révolution dans les pratiques. Avant, les compresses tachées de sang étaient systématiquement jetées et traitées à part, comme déchets d’activité de soin à risque infectieux (Dasri). Maintenant, si le patient n’est pas infecté, elles vont dans les ordures ménagères », lance Nathalie Ronzière, directrice adjointe du centre hospitalier de Cannes. Le service de médecine hygiéniste, à l’origine de cette initiative en matière d’écoconception (conception écologique) des soins, a également réduit l’usage des pansements et des antiseptiques, selon le principe « moins on touche le patient, moins il y a de risques d’infection », et moins on produit de déchets nocifs. C’est l’aspect le plus spectaculaire de la révolution verte lancée sur site en 2009. Adhérent du Comité développement durable en santé (Cd2s), une association qui réunit aujourd’hui près de 500 établissements sanitaires et médicosociaux(1), l’hôpital cannois a déjà mis en œuvre de multiples actions, appuyées sur des diagnostics techniques, pour réduire sa consommation d’énergie, ses déchets, acheter responsable… Avec pour effet de verdir des métiers, des compétences et des organisations de travail.

Tout a commencé par « le jeu des possibles », se souvient Nathalie Ronzière, à l’origine directrice de la qualité, qui a pris en charge le développement durable pour coordonner la démarche. « On a constitué plein de groupes de travail et on s’est lâché sur le thème « qu’est-ce qu’on aimerait faire », puis on a ciblé ce qui nous semblait faisable. » Un premier plan d’action a émergé, suivi d’un deuxième, dès 2012, dont le bilan est en cours. « On est dans une dynamique citoyenne qui emporte l’adhésion des équipes, je les laisse choisir les actions », explique la dirigeante. En réalité, la démarche se fonde aussi sur une sensibilisation continue des agents aux questions environnementales via le journal interne, des affiches et des campagnes de communication. Deux fois par an, une formation d’une journée au développement durable, ouverte à tous, est organisée pour une quinzaine de personnes. Elle est animée par Nathalie Ronzière, qui rédige et envoie aussi, deux fois par semaine, une newsletter – véritable outil de sensibilisation – aux 95 membres du Green Club, médecins, cadres, soignants… qui y sont abonnés (en interne ou en externe). Chaque fois qu’une action l’exige, l’encadrement bénéficie de formations spécifiques, par exemple sur les achats durables. De même pour les ambulanciers formés à l’éco-conduite.

Conditions de travail améliorés

Sans compter la reconfiguration des fonctions existantes. En modifiant la gestion des déchets, qui compte aujourd’hui 28 filières de tri, la nouvelle approche a ainsi transformé le métier de la quinzaine de coursiers employés par le service logistique. Guidés par leur management qui a été formé sur ce point, ils pèsent, contrôlent et trient les déchets, notent les dysfonctionnements et les font remonter aux services concernés. Symbole de cette mutation, l’e-mail adopté par l’équipe commence par « coursier-responsable ». D’autres ajoutent une compétence verte à leurs tâches habituelles. Ainsi, la pharmacienne a pris en charge la mise en place du PBT, un indice suédois exigeant qui mesure l’impact des médicaments sur l’environnement. Avec minutie, elle a examiné quel type de molécule compose les gélules, breuvages ou pommades diverses. Toutes informations qu’elle a fournies dans un livret thérapeutique permettant aux praticiens de sélectionner, entre médicaments équivalents, le plus écologique. Tous ces bouleversements ont eu pour effet d’améliorer les conditions de travail des agents chargés du nettoyage. Le choix des microfibres pour le lavage des sols a permis de diminuer de moitié le volume d’eau utilisé et de réduire l’usage des détergents. « L’étude sur la pénibilité montre qu’ils portent deux fois moins de seaux, diminuant l’effort physique », remarque Nathalie Ronzière. Quant à l’exposition au risque chimique des produits nettoyants, elle a, elle aussi, reculé.

Les métiers de la santé carburent aux compétences vertes

Les cadres dirigeants des CHU, des cliniques et des centres hospitaliers se dotent peu à peu de compétences environnementales*. Par sensibilité au sujet, pour réduire les coûts et pour préserver la vitalité des professionnels comme des patients. « Améliorer la qualité de l’air, éviter les perturbateurs endocriniens, avoir une alimentation de meilleure qualité, favoriser l’économie circulaire, etc., c’est bon pour la planète et pour la santé », affirme Olivier Toma, directeur de Primum non nocere, agence de conseil en développement durable. L’ANFH, Opca de la fonction publique hospitalière, finance l’accompagnement de la démarche écologique de 16 établissements de Paca et de l’ex-Languedoc-Roussillon : des diagnostics réalisés début 2017 et un suivi de 8 jours destiné à concrétiser le plan d’action à finaliser d’ici à la fin de l’année. Dix cadres référents, sont formés au « Management du développement durable », un diplôme universitaire délivré par le Cesegh, à Montpellier. L’approche de l’ANFH et de l’agence Primum non nocere intègre dans le package, la qualité de vie au travail et la prévention des risques psychosociaux.

Repères

Activité

Hôpital.

Effectif

2 100 personnes.

Budget

175 millions d’euros.

(1) Association C2ds : des établissements de santé et médico-sociaux pour le développement durable : http://www.c2ds.eu/

* Réseau CHU développement durable : http://www.reseau-chu.org/les-articles/amenagement-du-territoire/developpement-durable/

Auteur

  • Solange de Fréminville