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L’enquête

DCNS Énergies : La fibre verte dans les métiers de la défense navale

L’enquête | publié le : 25.04.2017 | Ingrid Seyman

Le groupe DCNS, constructeur de navires et sous-marins militaires, se positionne sérieusement dans les éco-énergies marines, via une filiale dédiée. Et il favorise la mobilité interne pour la faire tourner.

Énergie hydrolienne, énergie thermique des mers, éoliennes flottantes… le 17 décembre dernier, le groupe DCNS lançait toutes ses activités EMR (énergies marines renouvelables) dans une filiale flambant neuve, DCNS Énergies. Une filiale qui compte aujourd’hui 250 collaborateurs, ingénieurs et techniciens, principalement issus des forces vives du groupe, car l’industriel comptait déjà en son sein de nombreux profils opérationnels sur ces problématiques dans ses bureaux d’études et ateliers à Nantes, Brest, et Cherbourg. « DCNS a fondé en 2008 un incubateur sur la question des énergies marines renouvelables. Au fil des ans, cet incubateur s’est transformé en business unit et les 120 collaborateurs de cette entité ont logiquement rejoint la filiale lors de sa création », explique Caroline Le Bayon, DRH de DCNS Énergies. L’autre moitié étant constituée par les troupes d’Open Hydro, une start-up irlandaise, spécialiste de l’hydrolien, rachetée par DCNS en 2013.

Une maîtrise de l’environnement maritime

Toutefois, l’entreprise a dû intégrer une vingtaine de nouvelles recrues, embauchées depuis le début de l’année dans les bureaux d’études : « Il s’agit surtout des ingénieurs d’étude sous-marine, des architectes dans le naval, des experts en corrosion, des bacs + 5 avec idéalement une première expérience », précise la DRH. Soit des jeunes cadres, issus des grandes écoles d’ingénieurs françaises – Centrale, les Mines – et de secteurs tel que le nucléaire, l’automobile ou le pétrolier offshore. Quitte à les débaucher d’ailleurs. « Je ne suis pas forcément en quête de candidats ayant déjà travaillé dans le secteur vert, renchérit Caroline Le Bayon. Je cherche avant tout des compétences industrielles et des professionnels qui maîtrisent l’environnement maritime. Un ingénieur expert en plate-forme pétrolière, par exemple, va rapidement être opérationnel sur de l’éolien flottant. » La logique sera la même pour peupler la future usine d’hydroliennes de Cherbourg, bientôt en construction, et qui devrait créer à terme 100 emplois, essentiellement en production.

Une appétence pour la cause verte

Si les candidats à l’embauche n’ont donc pas à montrer systématiquement “patte verte” pour intégrer la filiale Énergie, les recruteurs apprécieront tout de même qu’ils manifestent une appétence pour la cause verte et/ou aient des expériences liées à l’écologie dans le domaine associatif. DCNS ne prévoit pas non plus d’offrir à ses collaborateurs des formations estampillées vertes ou bleues (couleur de l’eau) ou liées aux énergies renouvelables. Mais de tous les former à l’anglais. « La plupart de nos futures implantations se fera à l’international. Les emplois verts, au sein de notre filiale, sont donc prioritairement destinés à des ingénieurs maîtrisant l’interculturalité et capables d’adapter leurs compétences au milieu maritime. » Le groupe DCNS va par ailleurs signer un accord de mobilité avec sa filiale énergie. Il est donc envisageable que des spécialistes en sous-marin nucléaire mettent un jour leur expertise technique au service de projets éoliens ou hydroliens. Et inversement.

Technicien de maintenance éolienne : un métier en tension

Si la filière industrielle des EMR ne crée pas, à proprement parler, de nouveaux métiers, elle favorise toutefois de nouvelles dynamiques de professionnalisation que le travail dans, ou sur, les océans rend indispensables. En particulier, celui de technicien de maintenance d’éolienne en mer, qui doit être capable de réparer des pales à 20 km au large, encordé à des hauteurs vertigineuses. Le métier existe déjà pour l’éolien terrestre depuis vingt ans. Mais d’ici à 2030, plus de 450 recrutements seront nécessaires sur ce type de poste. Ce qui risque de générer une concurrence entre l’onshore et l’offshore. En outre, ce job « bleu » exige des compétences spécifiques – sécurité et survie en mer, gestion des incidents sur navire… – qui ne sont pas celles mobilisées sur terre, ce qui complique le transfert d’un monde à l’autre. Une pénurie de profils qualifiés est donc à craindre, d’autant plus que ce métier, réputé difficile, connaît un taux de rotation très élevé, estimé par la profession à près de 25 % par an.

Repères

Activité

Fournisseur de systèmes de production d’éco-énergie.

Effectif

250 salariés.

Chiffre d’affaires

n. c.

Auteur

  • Ingrid Seyman