C’est un fait : les changements technologiques s’accélèrent, modifiant les comportements et les façons de travailler. Oui, mais la productivité des entreprises, elle, ne suit pas la même dynamique, tant s’en faut. C’est ce qu’a rappelé, en préambule, le cabinet Deloitte, qui présentait, le 28 mars, sa cinquième étude* annuelle sur les tendances ressources humaines.

Comme l’explique Philippe Burger, associé responsable capital humain, « le modèle organisationnel de beaucoup d’entreprises date du début des années 1990 et de l’émergence des ERP ». Il s’agit aujourd’hui, dans un écosystème ouvert, de revoir l’ensemble des règles du jeu. Guère étonnant, du coup, de voir l’organisation des nouveaux modes de travail arriver en tête des priorités à court terme des entreprises françaises (67 % des répondants), devant la gestion des carrières et de la formation (40 %) et l’acquisition des talents (39 %).

De fait, l’organisation du futur se retrouve aussi au premier rang des enjeux considérés comme importants ou très importants (88 % des répondants). Un sujet sur lequel 33 % des entreprises seulement se déclarent matures. Les trois quarts des sondés s’accordent cependant sur le caractère critique de l’agilité et de la collaboration.

Les entreprises ont conscience que cette évolution et les usages liés au digital modifient le rôle du leader, poursuit Deloitte, « notamment dans sa capacité à diriger dans des environnements plus volatils ». D’où la nécessité de repenser aussi la gestion de la performance. 50 % des entreprises ont prévu de revoir leur dispositif. Les pistes privilégiées : des entretiens plus fréquents et centrés sur le développement.

Autre axe majeur de cette étude : le collaborateur – qui avait jusqu’ici été un peu « oublié » au profit du client – revient au centre des réflexions RH. Ainsi, l’« expérience collaborateur » arrive au 5^e rang des préoccupations. Mais seuls 23 % des répondants se sentent matures sur cette question. « La fonction RH doit définir des politiques de formation et de gestion de carrière de plus en plus individualisées », avec des parcours transversaux, voire multi-entreprises, résume Deloitte. Pour qui ce recentrage aura également une incidence sur les systèmes de rétribution.

Également en ligne de mire, le digital RH n’arrive pourtant qu’au 7^e rang des enjeux clés (63 %) – et seul un cinquième des répondants se dit mature sur ce point. À noter que l’analytique RH figure dans le top 10, mis en avant par près d’un sondé sur deux (48 %).