Meryem le Saget Conseil en entreprise
et nous nous débattons chacun avec nos vieux démons. Il y a ceux qui veulent décider tout seuls. Dans le monde de complexité que nous connaissons, ce comportement « en solo » est difficile à comprendre. Esprit de supériorité ? Difficulté relationnelle ou de collaboration ? Narcissisme exacerbé ? Un peu de tout cela sans doute.
Mais cette tendance est plus habilement dissimulée. Qui n’a pas déjà entendu ces petites phrases : « Il ne prend pas de décision, la situation s’enlise » ; « C’est le dernier qui a parlé qui l’emporte » ou encore « Il n’arbitre que le dos au mur »… Petit panorama de nos ruses les plus fréquentes.
Ici se rangent ceux qui attendent d’avoir tous les éléments pour décider. On sait bien que c’est illusoire, mais ils essaient quand même : recueillir çà et là de nouveaux éclairages, engager une analyse plus approfondie, espérer une information miracle au dernier moment… Leur esprit n’est pas tranquille tant qu’ils n’en savent pas davantage, donc ils temporisent. Crainte d’être critiqué. Peur de se tromper ou d’en subir les conséquences. Perfectionnisme. Et pendant ce temps, les équipes attendent…
Risqué par rapport à quoi ? Jusqu’à quel point ? Il est effectivement risqué d’arrêter une activité à laquelle certains clients sont attachés. Risqué aussi de se déplacer en voiture vu le nombre d’accidents. Risqué encore de lancer ce nouveau produit avec des vendeurs peu expérimentés. Mais au-delà de ces impressions, a-t-on évalué concrètement le risque encouru ? Sans ce réflexe pragmatique, chacun peut camper longtemps sur ses opinions. Entre le risque zéro qui n’existe pas et un risque élevé imaginaire, tous les possibles existent.
Se défausser sur les autres, leur demander leur avis, faire un tour de table en se réservant le loisir de parler ou non à la fin, voilà la ruse de ceux qui veulent garder les mains libres : peu d’opinions personnelles affichées, mais le désir évident de séduire ou de paraître plus malin. Ils préfèrent écouter tout le monde avant de se positionner, cela leur donne la possibilité de se ranger du côté du parti qui sert le mieux leurs intérêts.
jusqu’à ce que la décision ne soit plus nécessaire. Au bout d’une certaine durée, une situation se dégrade d’elle-même ou en tout cas évolue, la prise de décision qui s’imposait précédemment a changé de nature. Qu’on le veuille ou non, ne rien faire c’est aussi décider. Malheureusement c’est souvent l’entourage qui paie, car il doit faire face à des complications qui auraient pu être évitées.
Tactique particulièrement efficace pour que la discussion reparte de zéro. Cette méthode est riche de nombreuses variantes : réinterroger le sens du projet, suggérer que l’on approfondisse les intentions, douter de la pertinence des actions décidées, bref créer du trouble alors que l’on commençait à converger. D’accord, personne n’est parfait. Mais comme il est rare d’être lucide sur ses ruses personnelles, ce sont les feedbacks d’autrui qui peuvent nous éclairer.