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3 questions à… Marion Schild

Acteurs | publié le : 14.03.2017 | Mathieu Noyer

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3 questions à… Marion Schild

Crédit photo Mathieu Noyer

La responsable du personnel de Spie GmbH Unternehmensgruppe (6 000 salariés), une filiale du français Spie, fait part des nouvelles difficultés du modèle allemand d’apprentissage, malgré tous ses avantages, à l’occasion de la cérémonie annuelle de mise à l’honneur des apprentis de l’entreprise.

Les jeunes Allemands continuent-ils à manifester de l’enthousiasme pour l’apprentissage ?

Depuis quelques années, nous constatons une plus grande difficulté à attirer les jeunes vers ce type de formation. La tendance générale s’observe en Allemagne où de plus en plus d’élèves s’orientent vers les études universitaires. Selon le ministère fédéral de l’Éducation, le nombre d’étudiants de l’enseignement supérieur en Allemagne est passé, entre 2010 et 2015, de 2,2 à 2,75 millions. Et, en 2016, ce chiffre est encore un peu supérieur 2,8 millions. Alors que dans le même temps, le nombre d’apprentis a baissé : il est passé de 1,5 million à 1,34 million. Par ailleurs, traditionnellement, le nombre de candidats à un apprentissage dépassait chaque année celui des places offertes. Mais le rapport s’est inversé à partir de 2008, et l’écart se creuse d’année en année : il y avait un « déficit » de candidats de 7 500 jeunes en 2010, pour 579 500 places proposées, et de 20 000 en 2015.

Mais pour notre entreprise, qui comprend de nombreux métiers industriels, le système de l’apprentissage reste la clé pour remplacer au mieux les départs. Dans ce contexte, nous devons, plus que par le passé, faire de la marque employeur un de nos axes directeurs, et donc nous faire connaître, d’autant plus que notre entreprise n’est pas encore très célèbre sur le marché allemand. Un facteur essentiel consiste à convaincre, dès la sortie du parcours scolaire, les jeunes de l’attractivité d’une formation chez nous. Nous les informons directement sur place et avons construit un système de “réseau” d’écoles avec lesquelles nous tissons des liens.

En parallèle, nous participons à des salons qui rassemblent tous les organismes de formation d’une région donnée et qui nous permettent de rencontrer les nombreux élèves et leurs parents qui les visitent. L’Allemagne manifeste par ailleurs un engouement pour le “Azubi Speed Dating”, ces rencontres express pour les candidats à l’apprentissage. Ces jeunes sont surnommés “Azubi”, contraction de “Auszubildende”, littéralement “ceux à former” ou “ceux en train de se former”. Ces rencontres donnent la possibilité de faire rapidement connaissance avec les élèves candidats à une formation par apprentissage et ainsi de se forger une première impression sur eux. Nous sommes également présents sur les réseaux sociaux et dans des bourses à l’emploi pour les jeunes, ce qui nous permet de nous présenter comme “marque employeur” vers des groupes-cibles spécifiques.

L’apprentissage demeure-t-il une « voie royale » du point de vue de l’entreprise ?

Le modèle allemand de la formation “duale” est installé depuis de longues années, il bénéficie toujours d’une forte reconnaissance des employeurs et reste ainsi un élément central pour attirer à soi de nouveaux collaborateurs et renouveler les effectifs. En outre, l’existence de standards nationaux garantit un haut niveau de qualité et apporte une grille fiable de comparaison entre les formations. L’apprentissage dure en règle générale de trois ans à trois ans et demi, selon la spécialité et le niveau de formation. La partie pratique se déroule dans l’entreprise, la partie théorique dans l’école professionnelle, la Berufschule. Le mode opératoire vaut aussi pour les formations techniques que commerciales. Chaque formation est reconnue par un organisme consulaire régional (CCI, chambre de métiers). Nous-mêmes chez Spie GmbH Unternehmensgruppe formons au total à 16 métiers.

Parvenez-vous par vos efforts à atteindre un haut niveau d’embauche à la sortie de la formation ?

Oui, nous embauchons 80 % à 90 % des apprentis, notamment grâce à leur suivi de près pendant le cursus. En nouvelles entrées en formation, nous parvenons au chiffre de 80 par an. Ce qui, en additionnant les effectifs des promotions, maintient le nombre total de nos apprentis au niveau souhaité de 250.

Auteur

  • Mathieu Noyer