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Les salons de l’emploi résistent au numérique

Zoom | publié le : 28.02.2017 | Pascale Braun

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Les salons de l’emploi résistent au numérique

Crédit photo Pascale Braun

Organisées par des professionnels ou les collectivités locales, les rencontres physiques gardent le vent en poupe. Les outils numériques les complètent plus qu’ils ne les concurrencent.

Généralistes ou thématiques, les salons du recrutement, forums de l’emploi et autres job dating prospèrent et ne semblent guère affectés par la concurrence des plates-formes en ligne. En 2016, le syndicat des professionnels de l’événementiel Unimev a recensé 167 salons dédiés aux ressources humaines, à la formation et à l’enseignement. Pôle emploi indique pour sa part avoir participé à 4 000 événements, soit en tant que partenaire, soit au titre d’organisateur. Parmi ses événements-phares figurent les Semaines de l’emploi, qui ont associé l’an dernier 25 000 entreprises, ou encore, le Train pour l’emploi et l’alternance qui a sillonné 13 villes et accueilli 25 000 visiteurs en novembre dernier. Aux manifestations de portée nationale s’ajoutent une multitude de rencontres organisées par les villes ou les régions, les groupes de presse ou les filières professionnelles elles-mêmes.

Un succès qui ne se dément pas, les chiffres étant stables entre 2015 et 2016. Les entreprises sont en effet toujours au rendez-vous et parfois même, plus nombreuses. Ni le brouhaha des allées bondées, ni le stress accumulé au cours de dizaines d’entretiens à la chaîne, ni même les coûts de la mobilisation humaine et logistique(2 000 euros pour un stand de 6 m2 en province, et jusqu’à 4 500 euros à Paris) ne dissuadent les RH de venir prospecter la perle rare ou conforter leur CVthèque par des rencontres en face-à-face avec des étudiants et candidats potentiels. « Programmés plusieurs mois à l’avance, les salons ne coïncident pas toujours avec nos besoins spécifiques, mais ils nous permettent de compléter notre vivier de candidatures spontanées. La rencontre en direct, sans le filtre de la présélection des CV, joue un rôle clé dans notre politique de recrutement, tant pour nos magasins que pour nos services administratifs et nos filiales », témoigne Alexandre Poulain, chargé de mission recrutement de Mr Bricolage. La chaîne participe chaque année à une dizaine de salons essentiellement généralistes, mais aussi à des forums organisés par les écoles pour promouvoir la formation en alternance. Rompus à l’exercice, trois membres des RH se déplacent dans la France entière pour présenter les postes.

« Les salons nous font gagner du temps, car ils nous permettent de rencontrer en une journée un grand nombre de candidats que nous reverrons par la suite. Nous privilégions les salons spécialisés, même petits, où nous sommes sûrs de trouver les profils que nous cherchons et qui nous permettront d’anticiper nos besoins en cours d’année », explique Guy Aguilar, responsable du recrutement opérationnel chez Wurth France. Spécialiste de l’outillage, le groupe alsacien emploie 2 800 vendeurs et participe en moyenne à quatre salons par an, dont les « Carrefours des carrières commerciales » de Lyon et de Marseille. Par ailleurs, les employeurs ont appris à organiser les face-à-face en amont, grâce aux nouvelles technologiques. « Nous sommes désormais outillés pour préparer nos forums. Nous utilisons des applications de pré-inscription qui permettent aux candidats de se présenter par vidéo avant la rencontre. Sur place, nous enregistrons les principales informations sur des tablettes de manière à écourter les formalités administratives. Nous couplons ainsi présence virtuelle et présence physique, et nous évaluons très précisément les retombées en termes d’embauche. Ce qui peut nous conduire à reconsidérer notre participation à certains événements, mais nous resterons présents lors des temps forts de l’emploi en région », indique Alexandra Martinon, directrice du développement des ressources humaines à la Caisse d’Épargne Lorraine Champagne-Ardenne.

Visibilité

Une remarque qui n’est pas anodine, car les salons où l’on recrute sont aussi ceux où l’on se montre. « Notre présence conforte la visibilité de notre enseigne », reconnaît Alexander Poulain chez Mr Bricolage. Et souvent, la visibilité de la marque employeur importe autant que les embauches elles-mêmes. En témoignent les conférences avec des personnalités de haut vol et la débauche d’objets publicitaires qui accompagnent les grand-messes régionales de l’emploi. Certaines entreprises qui y reviennent année après année donnent l’impression de n’être présentes que parce que leur absence serait remarquée. Une inflexion pour l’instant marginale. « À l’heure du virtuel, les rencontres humaines n’ont jamais été aussi nécessaires. Les candidats eux-mêmes savent bien qu’un salon où ils rencontreront 150 recruteurs en direct sera plus efficace que des recherches sur internet pour identifier les entreprises intéressantes », estime Bertrand Cuinet, directeur général de Moovijob. La société luxembourgeoise couple depuis 2007 un site dédié à l’emploi frontalier et des salons de l’emploi dans les principales villes du Grand Est. Aux manifestations généralistes s’ajoutent désormais les soirées Plug & Work mettant en présence les DRH d’entreprises informatiques ou financières et des candidats triés sur le volet. Ces soirées de prestige, où les convives devisent coupe de champagne à la main, rappellent l’intérêt et le charme des rencontres réelles.

Les salons en ligne : une nouvelle arme pour Pôle emploi

Lancés fin 2015, les manifestations virtuelles de Pôle emploi ont déjà fait leurs preuves : en 2016, 150 salons en ligne ont mobilisé 1 974 entreprises, suscités 133 000 candidatures – dont 15 % de personnes non inscrites à Pôle emploi. Les recruteurs ont effectué 8 000 présélections dont 2 000 ont débouché sur une embauche. « Les salons en ligne affranchissent les recruteurs des contraintes logistiques et les candidats, des problèmes de mobilité. Ils permettent entre autres d’anticiper les besoins particuliers. Par exemple, les stations balnéaires ont pu embaucher dès avril les saisonniers encore en postes dans les stations d’hiver », indique Jean-Cyril Le Goff, chargé de mission service aux entreprises à la direction de Pôle emploi à Paris, en charge du projet Salons en ligne. Développé en interne, le logiciel maison édite des stands virtuels, propose des visioconférences et permet de recueillir des candidatures spontanées. Très ciblés, les événements ont, par ailleurs, permis de recruter des professionnels de la sécurité lors des matches de l’Euro, accompagné l’ouverture de galeries marchandes ou répondu aux besoins de la filière nucléaire dans le sud de la France. Certains d’entre eux ont été couplés à des salons physiques, les candidats étant invités à postuler en ligne. Au terme d’un an d’expérimentation, les recruteurs – souvent des TPE ou PME – ont témoigné de leur satisfaction. Et les grands comptes y viennent.

Auteur

  • Pascale Braun