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Sur le terrain

Déplacements : Un PDIE commun à 19 entreprises du nord de Lyon

Sur le terrain | publié le : 07.02.2017 | Véronique Vigne-Lepage

Sur le plateau nord de l’agglomération lyonnaise, 19 sociétés et trois villes ont lancé un plan de déplacement interentreprises (PDIE). Une enquête a fait émerger un besoin d’amélioration des solutions de transport, et des attentes parfois assez simples des salariés à l’égard de leur employeur.

Le « plateau nord » de l’agglomération de Lyon est dynamique (19 600 emplois privés et 5 000 publics) mais, estime Alexandre Vincendet, maire de Rillieux, l’une des trois villes qu’il recouvre, il est « le parent pauvre » de la métropole en matière d’infrastructures de transport en commun. Il jouxte par ailleurs des secteurs ruraux de l’Ain qui en ont, eux, encore moins.

C’est pourquoi 19 entreprises (3 150 salariés) et les trois villes (1 160 agents) ont lancé, en avril 2016, une démarche de Plan de déplacement interentreprises (PDIE). « Nous recrutons beaucoup, témoigne Franck Dunière, codirigeant d’IP-Line, société de services numériques. Or, les moyens de déplacement sont, pour les candidats, un vrai critère d’attractivité. » De son côté, Nicolas Duc, DG d’Enfrasys (Vinci Energie), explique : « Parmi nos 60 salariés, certains viennent de Lyon, d’autres de secteurs ruraux ; certains sont sédentaires, d’autres nomades. Si nous avions voulu lancer seuls des actions, cela aurait été, pour chacune d’elles, pour un très petit nombre de personnes. »

L’association Cap Nord, qui porte la démarche, a d’abord conduit un diagnostic, aidée par un chargé de mobilité de la Métropole de Lyon, Thomas Colombari. « Le bon taux de réponse au questionnaire, 32 %, prouve qu’il y a de réelles attentes », assure celui-ci. Les salariés sont 63 % à utiliser la voiture, 13 % les transports en commun lyonnais (TCL) et autant à marcher. « Une personne sur deux résidant sur le territoire vient quand même en voiture », pointe-t-il. Or ces automobilistes subissent des coûts de transport élevés (33 % payent plus de 100 euros par mois) et des contraintes liées aux bouchons (34 % en connaissant tous les jours, 25 % une à deux fois par semaine).

Le potentiel de report modal est donc important : « 46 % des automobilistes y ont déjà pensé, assure Thomas Colombari. Environ 45 % opteraient pour les TCL et 37 % pour le covoiturage. » Quant au TER, utilisé chaque jour par seulement 3 % de salariés, il pourrait l’être quatre fois plus. Le potentiel de report sur la marche et le vélo est de 32 %, avec des attentes des salariés non seulement à l’égard des collectivités (création et sécurisation de pistes cyclables) mais aussi de leurs employeurs (abris vélos sur site, douches et vestiaires, indemnité kilométrique vélo).

Demandes de vélos et de télétravail

Ils expriment aussi des souhaits pour les déplacements professionnels : flotte de vélos (autant demandée qu’une flotte de voitures), mise à disposition de tickets TCL à l’accueil de l’entreprise, équipement de visioconférence ou encore télétravail (38 % estiment que leur poste de travail le permettrait, alors que seuls 7 % le pratiquent une fois par semaine et 22 % une fois par mois).

Cette démarche collective a permis la création, dès fin 2016, d’un « club mobilité durable » sensibilisant les salariés à l’usage des modes « doux ». La Métropole a par ailleurs proposé d’assurer un benchmark des expériences de télétravail ou d’indemnité kilométrique vélo. Pour faciliter les visioconférences, elle va déployer la fibre optique, fin 2017-début 2018, dans toutes les zones d’activité du plateau. Enfin, elle apporte une aide à l’installation de bornes de recharge pour les véhicules électriques. Une aide qui intéresse Nicolas Duc, qui a décidé d’étudier le passage de sa flotte d’entreprise à l’électrique et de « rationaliser leurs interventions ».

Il table aussi sur un « lobbying potentiellement plus important dans le cadre d’un PDIE », pour que soient négociées avec la SNCF, mais aussi et surtout avec le Sytral*, les améliorations nécessaires des transports en commun. Il s’agit notamment de renforcer la fréquence, aux heures de pointe, d’une ligne forte de bus ou encore d’adapter les horaires à ceux des salariés : dans ce secteur industriel à 18 %, nombre d’entre eux commencent à 5 h du matin, alors que le premier bus montant sur le plateau part de Lyon à… 5 h 10.

* Syndicat intercommunal des transports de l’agglomération lyonnaise.

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage