Acte de campagne ? Caution « sociale » d’Emmanuel Macron, Jean-Marc Borello, le président du groupe privé SOS, poids lourd du secteur de l’économie sociale et solidaire, sort un livre appelant à réformer l’ESS. Sans surprise, il reprend le crédo qui a fait son succès : oui, les entreprises du privé sont légitimes pour devenir un opérateur de l’État dans le secteur médico-social, la notion de rentabilité n’est pas incompatible avec l’intérêt général, qu’il s’agisse de gérer des crèches ou des maisons de retraite. Borello a son franc-parler, et son constat face aux dérives financières du secteur associatif ou mutualiste de l’ESS est très pertinent. On peut néanmoins ne pas partager son souhait de privatiser ce secteur médico-social qui dépend des politiques publiques, et le patron de SOS prêche parfois un peu trop pour sa paroisse, appelant au développement de « fonds d’investissement éthiques », à l’ouverture du capital des particuliers pour les entreprises poursuivant un intérêt général. Mais de façon générale, sa volonté de « moraliser » les dérives du capitalisme financier ou les salaires des grands patrons est d’actualité. Et son idée d’un contrôle de la responsabilité sociale des entreprises par des agences de notation sociale (comme l’ex-Vigéo) peut se défendre. Borello parle beaucoup (trop ?) de SOS lorsqu’il plaide pour une nouvelle gouvernance dans les entreprises sociales. Reste que son regard critique sur les entreprises « emprisonnées dans des hiérarchies parfois grotesques » est tonique. Pour lui, il faut en finir avec l’image du patron tout-puissant, répartir le pouvoir et laisser la possibilité aux salariés de développer des projets. Un point de vue plutôt stimulant.