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François Cochet Président de la fédération des intervenants en risques psychosociaux

La semaine | L’interview | publié le : 07.02.2017 | Rozenn Le Saint

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François Cochet Président de la fédération des intervenants en risques psychosociaux

Crédit photo Rozenn Le Saint

« Un manifeste pour faire de la santé au travail un débat aux présidentielles »

Pourquoi interpellez-vous les candidats aux présidentielles via un manifeste(1) ?

Parce que la question du travail est en réalité absente des débats. Ceux qui souhaitent que l’on travaille plus, comme ceux qui anticipent une baisse du volume d’emploi se retrouvent en fait pour ignorer la question essentielle : comment travailler mieux ? Travailler mieux, cela signifie se concentrer sur ce qui fait sens, sur ce qui est utile pour les destinataires du travail, – les clients ou usagers –, favoriser la créativité et l’entraide au travail, améliorer dans un même mouvement les conditions de travail et l’engagement des travailleurs. Cet objectif peut être la clé pour déverrouiller des sujets qui apparaissent bloqués : une nouvelle compétitivité de nos entreprises, une meilleure efficacité de nos administrations, la maîtrise de nos dépenses sociales. Cela permet de réduire les coûts liés à la non-santé au travail comme les maladies professionnelles, le burn-out ou l’absentéisme. Plus de la moitié des personnes qui liquident leur retraite ne sont plus au travail mais au chômage ou en invalidité la veille de leur départ. On repousse l’âge de la retraite mais on ne fait rien pour que les seniors puissent continuer à travailler dans des conditions qui leur soient adaptées. C’est un gâchis considérable.

Quels sont les coûts induits par le manque de prise en compte de la santé des travailleurs que vous mettez en avant ?

Des emplois ne sont pas pourvus parce que les conditions de travail ne sont pas bonnes. Ailleurs, les salariés s’épuisent sur des tâches qui n’ont pas de sens au lieu d’imaginer de nouveaux projets. L’État employeur devrait être exemplaire. Or la gestion des ressources humaines de l’État doit absolument évoluer car la situation des personnels se dégrade : surcharge ou sous-charge de travail, organisations figées, tensions relationnelles croissantes et non gérées, perte de sens. L’État devrait entreprendre un travail pluridisciplinaire pour évaluer les coûts de la non-santé au travail et proposer des moyens de faire progresser la situation un peu sur le modèle du collège d’expertise des risques psychosociaux piloté par Michel Gollac. Sur les questions du suicide au travail ou du burn-out, comme sur la prévention des risques psychosociaux dans les restructurations, la Firps a fait de nombreuses propositions à partir de nos observations des meilleures pratiques existantes. Des évolutions très favorables peuvent être engagées rapidement.

1) Il sera envoyé aux candidats le 10 février, téléchargeable sur firps.org

Auteur

  • Rozenn Le Saint