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Quinze minutes de Speed dating pour convaincre

Zoom | publié le : 31.01.2017 | Laurent Gérard

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Quinze minutes de Speed dating pour convaincre

Crédit photo Laurent Gérard

Une vingtaine de responsables formation et une quarantaine de prestataires se sont découverts le 13 décembre, à raison de séances d’un quart d’heure. Un premier contact avant de se revoir. Est-ce un futur canal de vente de la formation ?

Un coup de gong. 19 responsables formation(1) s’attablent dans une salle en forme d’arène ; 19 représentants d’organismes de formation s’installent en face de chacun d’eux. Chaque binôme a quinze minutes pour découvrir l’autre, présenter ses produits, valoriser ses actions, mettre en avant sa pédagogie, préciser ses besoins spécifiques… et parler tarifs bien sûr.

Coup de gong au bout d’un quart d’heure : 19 autres représentants de prestataires, qui patientaient – ils sont 42 au total –, prennent la relève des premiers et à leur tour présentent leurs talents… quinze minutes plus tard, tout le monde change à nouveau d’interlocuteur, et les rotations s’organisent ainsi toute la journée.

Le 13 décembre dernier, ce speed dating d’achat/vente de formation s’est déroulé à Paris, organisé par le cabinet en externalisation des processus de formation Alithia(2). « À l’origine, certains responsables formation comme certains prestataires de formation étaient un peu dubitatifs face à la formule, reconnaît Céline Delort, dirigeante d’Alithia. Mais au final le bilan est positif, tous les rendez-vous prévus ont été honorés. Les responsables formation ont été très pris et monopolisés. Une d’entre eux a même fait 6 heures de rendez-vous à raison de 4 par heure : elle était épuisée ! » Point important concernant cette journée : gratuité pour les responsables formation, et un coût d’inscription raisonnable pour les organismes de formation, de l’ordre de 300 euros.

Connaissance du marché

« J’ai rencontré une dizaine d’organismes de formation rien que sur la matinée, compte Tatiana Meunier-Audap, responsable formation à La Poste. Mes deux objectifs étaient de trouver des nouveautés dans les formations linguistiques certifiantes surtout pour un usage via le CPF, et des interlocuteurs de bilan de compétences capables en plus d’accompagner des publics handicapés, notamment des prestataires en local, pour un futur référencement national. Plus globalement, ma venue était guidée par l’intérêt d’étendre ma connaissance du marché, de faire une veille, de pister l’originalité, de ne pas se reposer sur les acquis… mais pas de réaliser des achats à court terme. »

Selon elle, sur le bilan de compétences, notamment pour des salariés en situation de handicap, elle n’a pas vraiment trouvé réponse à son besoin, mais admet que c’est un type de demande compliqué. Sur les formations linguistiques : « De bonnes choses, un bon feeling avec certains prestataires qui seront certainement recontactés dans le prochain référencement linguistique de fin d’année 2017, mais pas réellement d’originalité. Je n’ai pas le sentiment de passer à coté de quelque chose », reconnait-elle.

« La formule du speed dating est intéressante, car je préfère passer une matinée à rencontrer des prestataires, plutôt qu’à gérer de nombreux e-mails publicitaires, conclut la responsable formation de La Poste. Mais il ne faut pas perdre de temps et des séances de vingt minutes seraient préférables. Parfois, il a été chronophage de réexpliquer mes attentes : il faudra améliorer l’échange d’infos avant rencontre. »

Des solutions pour les PME

L’analyse de Susanne Ohn, responsable formation à Ipsos, est proche de celle de sa consoeur. « L’initiative d’Alithia est intéressante et créative. Nous utilisons déjà, et avec grande satisfaction, ce cabinet pour former les salariés de nos services généraux. Mais notre plan de formation est déjà fait pour 2017 ; nous engageons 400 000 euros en frais pédagogiques directs, hors collecte, soit un effort en formation d’environ 1 % de notre masse salariale, hors salaires des formés. Aussi, je n’ai assisté qu’à l’après-midi du speed dating. J’aurais aimé voir davantage d’organismes de formation plus importants et déjà connus, car beaucoup étaient des petits cabinets, alors que notre population de 600 salariés, constituée majoritairement de bac + 5, cherche davantage des prestataires plus reconnus, à plus grande notoriété, pour se former. Donc, pas de coup de cœur lors de ce speed dating formation. Mais je pense que les entreprises comme la nôtre, déjà très informée, très structurée en RH, ne sont pas forcément la bonne cible pour ce type d’expérience : les PME y auront trouvé davantage de solutions. »

« Pour beaucoup des responsables formation présents, l’objectif était de se faire une première image de prestataires inconnus, analyse Céline Delort. Beaucoup disent que 5-10 minutes leur ont suffit pour décider de ne pas travailler avec certains prestataires, mais pas forcément pour travailler avec d’autres. Ce choix sera fait lors de prochaines rencontres en interne. Ce qui a été déterminant dans ce premier tri était le sentiment que donnait le prestataire de la compréhension de l’entreprise et de ses métiers. Chaque entreprise avait fait la liste de ses attentes, et celui qui donnait l’impression de ne pas avoir travaillé un minimum sur ces attentes avait peu de chance de convaincre. Par ailleurs, les représentants des entreprises n’ont pas apprécié les prestataires venant face à eux à plus de deux personnes. »

Des besoins moins définis aujourd’hui

Cela dit, à la décharge des organismes de formation, le peu de précision et de détails de l’analyse des besoins présentés par les entreprises a parfois été surprenant. Beaucoup ont justifié cela par le fait de venir simplement faire un sourcing. « Les besoins sont moins bien définis aujourd’hui qu’il y a quinze ans, commente Céline Delort. Beaucoup s’apparentent aujourd’hui à une liste au Père Noël, pas creusés par les encadrants qui les récupèrent lors des entretiens professionnels. Il y a quinze ans, la répartition entre demandes individuelles et demandes construites collectivement était de 50/50, c’est 80/20 aujourd’hui, notamment dans les sièges où priment les demandes individuelles. Et le peu de questionnement sur le pourquoi d’une formation est étonnant : beaucoup de responsables formation sont rapidement dans la recherche de solution d’une question mal posée. Je forme depuis longtemps des responsables formation à la prise de fonction, et cette faiblesse du questionnement est surprenante. Au final, cela débouche sur des achats vagues, une évaluation bâclée, et un retour sur attente pauvre et décevant. Ce qui pose forcément problème. C’est aussi une limite à l’idée de “tous DRH”, les encadrants sont trop chargés, pas assez techniques. Il faut des vrais pros ».

Un prochain speed dating d’Alithia n’aura probablement pas lieu avant janvier 2018. C’est lourd à organiser et décembre ne semble pas être le bon mois, car les responsables formation disent ne pas avoir une bonne visibilité de leur plan à cette époque : janvier serait préférable. « Par ailleurs, nous envisageons des sessions via Internet et Skype, précise Céline Delort. Nous l’avons fait pour un RF le 13 décembre. On pourrait le généraliser et l’ouvrir à des interlocuteurs de province, mais, techniquement, c’est plus contraignant. »

(1) Dont Logement Loiret, Fongecif IDF, Musée du Louvre, Primagaz, Ipsos, La Poste, CSTB, Poste Immo, Wavestone, Colas, Euler Hermes France, AXA, Générale de téléphone, MFR Service, Nuxe (effectué en ligne). Quatre entreprises ne veulent pas êtres citées.

(2) Alithia, cabinet d’externalisation, gère la formation de 80 entreprises, de la PME à celle de 9 000 personnes, il emploie 9 salariés et utilise 150 intervenants.

Auteur

  • Laurent Gérard