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L’enquête

Hôpitaux universitaires de l’est parisien : Des consultations extérieures pour le personnel en difficulté

L’enquête | publié le : 31.01.2017 | Rozenn Le Saint

Le groupe des hôpitaux universitaires est parisien généralisera en 2017 le contrat d’accompagnement qui propose un suivi médical en dehors des établissements.

S’agissant des addictions, les personnels de santé ont la double particularité d’être davantage habitués à soigner les patients plutôt qu’eux-mêmes et d’avoir accès aux médicaments, dont ils peuvent être dépendants. « Certains se servent directement en somnifères ou autres produits », témoigne Évelyne Millour, secrétaire Sud santé du CHSCT de l’hôpital Tenon. « Ils ont la connaissance des substances. Par rapport aux personnels des services techniques, ceux des soins auront peut-être davantage tendance à prendre un médicament en guise de remontant quand ils sont en situation d’épuisement », reconnaît Frédérique Stroh, responsable RH au sein des Hôpitaux universitaires de l’est parisien, qui comprend huit établissements de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). « Toutefois, des mécanismes de contrôle permettent d’éviter les abus », précise Hélène Fausser, également adjointe à la DRH.

À la suite d’une tentative de suicide d’un salarié en proie à une addiction, la direction a décidé d’améliorer la prévention. « Il s’agissait d’un agent qui travaillait de nuit. Ses collègues connaissaient son problème d’addiction mais se voulaient bienveillants en essayant de compenser ses lacunes. De fait, nous avons mis longtemps à le repérer », relate Hélène Fausser. Celle-ci pilote le groupe de travail de l’hôpital Tenon mis en place début 2015 à l’initiative du CHSCT après cet événement. Il comprend un médecin du travail, un chargé de prévention, un assistant social, les membres du CHSCT, des représentants des cadres et des membres de l’équipe d’addictologues du groupe d’établissements hospitaliers. « Il était important que ce soit la DRH qui porte l’initiative pour faire en sorte de croiser les regards pluridisciplinaires », estime Frédérique Stroh.

Formation des cadres de proximité

Le groupe de travail a décidé la mise en place des formations aux risques liés aux addictions à destination des cadres de proximité et des représentants du CHSCT en octobre 2016. Il leur est expliqué la mesure phare prévue par le groupe : le contrat d’accompagnement pour les personnels victimes d’addictions. « Il ne s’agit pas d’un flicage mais d’un engagement. L’agent a des échéances à respecter, ce qui l’aide à aller au bout des mesures d’accompagnement que la direction s’engage à mettre en place », assure Évelyne Millour, de Sud santé. « Le but était d’outiller le cadre qui se retrouve au milieu, entre la direction et le personnel, quand il repère un salarié victime d’addictions. Auparavant, quand il se rendait compte qu’un membre de son équipe était sous l’emprise d’une substance pendant le service, il l’envoyait en urgence voir le médecin du travail, faisait un rapport au chef du personnel qui le convoquait à un entretien mais le suivi à long terme n’était pas prévu », explique Hélène Fausser.

Suivi au long cours

Désormais, des actions peuvent être déclenchées pour faciliter le maintien dans l’emploi et le soin, comme l’aménagement des horaires ou l’orientation vers une prise en charge extérieure. « Nous avons des équipes spécialisées dans l’addiction au sein des établissements mais pour un suivi au long cours, il était essentiel que les personnels puissent être suivis à l’extérieur pour bien distinguer l’hôpital comme lieu de travail et le lieu où ils se soignent. D’autant plus que la problématique des addictions entre au cœur de la vie privée », indique la responsable du groupe de travail, qui tenait à ce que la notion de “contrat” apparaisse : le salarié doit s’engager à être sobre au travail.

La mesure semble bien accueillie par le personnel non médecin (les soignants, les kinésithérapeutes, etc.). En revanche, « il est beaucoup plus difficile de toucher les médecins, qui ont sûrement l’impression qu’ils peuvent se prendre en charge entre eux », reconnaît Frédérique Stroh. Autre explication, selon Hélène Fausser : « La ligne hiérarchique n’est pas la même pour un médecin et un infirmier. Ce dernier a affaire à un cadre de proximité et à un chef du personnel. » Le contrat d’accompagnement sera généralisé pour l’ensemble des 8 000 salariés des cinq hôpitaux de l’est parisien (Saint-Antoine, Rothschild, Trousseau, La Roche-Guyon et Tenon) courant 2017.

Repères

Secteur

Santé

Effectifs

8 000 salariés au sein des Hôpitaux universitaires de l’est parisien, qui comprend cinq établissements de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) (100 000 salariés en tout à l’AP-HP).

Budget 2015

785,461 millions d’euros.

Auteur

  • Rozenn Le Saint