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Décider au consensus

La chronique | publié le : 31.01.2017 |

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Décider au consensus

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Meryem le Saget Conseil en entreprise

Consensus « mou » ?

C’est bien mal connaître (ou mal pratiquer) cette méthode de prise de décision. En prenant une comparaison, chacun peut dire d’un tabouret à deux pieds qu’il ne tient pas debout. Mais ce siège est conçu pour avoir quatre pieds, ou au minimum trois. Normalement, il est stable. De la même façon, le consensus bien pratiqué est très efficace. Ce n’est pas « décider de tout avec tous » ni « attendre que tout le monde soit d’accord ». Si l’on vide la méthode de ses ingrédients clés, bien sûr le résultat est dénaturé. Récapitulons.

Toute décision n’est pas à prendre au consensus.

Quand le sujet est bien délimité par exemple, ou que l’expertise requise est portée par quelques-uns, on peut utiliser d’autres approches : décision par les plus compétents, ou par ceux qui auront à appliquer la décision, ou par ceux qui apportent un regard neuf, ou encore vote à la majorité ou décision par le manager, etc. Au quotidien, les entreprises libérées aiment bien l’avis éclairé, qui concilie à la fois responsabilisation et prise d’initiative. Mais sur les sujets complexes et collectifs, le consensus reste une méthode particulièrement puissante.

Accord de départ.

Les règles du jeu du consensus doivent être connues dès le départ et acceptées de tous. Les premiers principes relèvent du bon sens : on entre dans la discussion ouvert aux idées et perspectives des autres (pas de « j’ai mon idée et je vais convaincre les autres ») ; on s’écoute avec respect ; on explore les idées opposées ; grâce au regard de chacun, le groupe se construit une compréhension commune de la situation. Consensus sur les règles du jeu, donc, puis consensus sur l’analyse du problème.

Dynamique des échanges.

Pour que cela marche, quelques principes doivent être respectés. On se met d’accord sur les critères de qualité de la décision ; chacun prend la responsabilité de s’exprimer avec bienveillance devant les autres (on ne déverse pas son énervement, on ne campe pas sur ses idées, on ne garde pas ses remarques pour soi ou son voisin) ; chacun utilise le « Oui ET » plutôt que le « Oui MAIS » ; et bien sûr – ce n’est pas le plus facile – chacun accepte le fait qu’exprimer ses idées n’implique pas que celles-ci soient retenues.

Les deux règles les plus oubliées.

Le consensus est une méthode et non une joute politique ou une discussion de café. Les deux règles suivantes sont le secret d’une prise de décision efficace. D’une part, le délai de prise de décision est clairement connu de tous (par exemple : « on doit aboutir à un consensus d’ici vendredi », ou « avant la fin du mois »). D’autre part, le système de recours est explicite. « Si l’on n’arrive pas à un consensus dans le temps imparti, ce sera l’expert qui décidera » (ou on votera à la majorité, ou le patron arbitrera, etc.). Avant de commencer les échanges, tout le monde connaît l’alternative. Rien de tel pour stimuler un groupe et l’encourager à être constructif.

Au final, on obtient cinq caractéristiques :

chaque personne comprend la décision prise ; cette décision ne choque pas ses valeurs morales ; chaque personne a exprimé ses idées, même si toutes n’ont pas été retenues (et elle l’accepte) ; chacune est satisfaite de la manière dont elle a été traitée au cours du processus ; chacune accepte d’appliquer la décision commune et cela pour un temps défini (tous les consensus ne sont pas éternels)… On est bien loin du consensus mou !