« Et vous, avec l’alcool, vous en êtes où ? », demandait une campagne nationale de prévention il y a quelques années. La question vaut aussi pour les entreprises. Sur 650 000 accidents du travail recensés chaque année, 10 % à 20 % ont pour origine l’alcoolisation d’un collaborateur. À lui seul, l’alcool est responsable de 40 % à 45 % des accidents mortels. Et la consommation de toute forme de substances psychoactives, licites ou non, explique jusqu’à 30 % des survenances d’accidents du travail. Une menace sourde pour les employeurs qui doivent assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs, et qui sont responsables d’éventuels dégâts causés à des tiers. Chaque DRH ou presque en est conscient : une enquête menée il y a quelques années en Île-de-France constatait que, dans les douze mois précédents, 9 médecins du travail sur 10 avaient été consultés par des directeurs de ressources humaines pour un problème d’alcool chez un salarié, et encore 3 sur 10 pour un problème de cannabis.
Si le constat est sans appel, en décliner une politique addictions est une tout autre affaire. À l’évidence, la tolérance n’est pas une option mais, à l’inverse, une “tolérance 0” fondée sur la seule procédure disciplinaire n’est sans doute pas la voie la plus efficace. Certaines entreprises acceptent d’explorer plus avant le lien entre addiction et travail et d’initier une approche collective qui concernera aussi les conditions de travail. Avec la formation des acteurs de santé mais aussi des managers, notamment au repérage précoce des conduites addictives, il s’agit certainement d’une des conditions nécessaire pour la mise en place de dispositifs de prévention efficaces.