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Chronique

Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 31.01.2017 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

L’effet multiplicateur des femmes

La loi Copé-Zimmerman instaurant un minimum de 40 % de chaque sexe au sein des conseils d’administration à horizon 2017 semble avoir porté ses fruits. Si l’objectif ne sera pas atteint dans toutes les entreprises concernées, une tendance à la hausse du nombre d’administratrices depuis 2011, date de l’entrée en vigueur de cette loi, est indéniable. Il faudra toutefois attendre encore quelques années pour voir si l’augmentation du nombre de femmes au sein des conseils d’administration aura un effet d’entraînement sur le nombre de femmes PDG.

On dispose en revanche de davantage d’études sur les conséquences de la nomination de cadres dirigeantes. Les entreprises qui nomment tout à coup quelques femmes au comité de direction sont parfois moquées. Faut-il en effet y voir une véritable prise de conscience de l’importance de la mixité entre les femmes et les hommes ou bien une simple préoccupation en termes d’image ? Une étude pour l’American Academy of Political and Social Science de F. Kurtulus et D. Tomaskovic-Devey, chercheurs à l’université de Massachusetts, apporte des pistes de réponse en étudiant l’évolution de la féminisation de plus de 20 000 entreprises américaines sur une période de 13 ans.

Il en ressort d’abord que l’augmentation du nombre de femmes cadres de direction s’accompagne d’une augmentation de femmes managers à un niveau un peu moins élevé de l’entreprise. Si les femmes blanches sont les plus nombreuses à profiter de ce phénomène, le fait d’avoir plus de femmes noires, hispaniques ou asiatiques aux postes de direction – les statistiques ethniques sont autorisées aux États-Unis – accroît aussi le nombre de manageuses noires, hispaniques et asiatiques. Autrement dit, il est possible de faire « coup double » en matière de promotion de la diversité.

Ce phénomène d’accroissement du nombre de femmes est d’autant plus intéressant à observer qu’il semble universel dans la mesure où il touche toutes les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. C’est toutefois au sein de celles qui ont une plus grande proportion de femmes (tous niveaux hiérarchiques confondus) que l’effet multiplicateur des femmes dans les équipes de direction sur celles aux postes de management est le plus grand.

Comment s’explique ce phénomène ? L’augmentation du nombre de dirigeantes aurait plusieurs vertus : cela donne aux salariées des role models, c’est-à-dire des figures féminines qui ont réussi et à qui s’identifier, cela permet de faire du mentorat auprès des femmes occupant des postes moins élevés, cela débouche sur davantage de recrutements de femmes et un moindre turnover de celles-ci.

Attention toutefois à ne pas crier victoire trop tôt, signalent en creux les auteurs. Ils soulignent que l’effet d’entraînement observé diminue avec le temps. Autrement dit, augmenter le nombre de femmes à la tête d’une organisation joue un rôle positif mais seulement transitoire. Si une véritable politique RH de lutte contre les discriminations et de promotion des diversités ne vient pas prendre le relais, l’effet multiplicateur du nombre de femmes sera limité.

En tout cas, on ne pourra pas accuser les femmes nommées au sein des comités de direction de servir de potiches pour faire de belles photos : elles jouent un rôle positif pour la promotion des femmes, notamment pour celles qui aimeraient un jour être à leur place.

Auteur

  • Denis Monneuse