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« Que sera-t-il fait de ces données ? »

L’enquête | publié le : 24.01.2017 | L. G.

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« Que sera-t-il fait de ces données ? »

Crédit photo L. G.

Le datadock, c’est une révolution ?

Pour un grand nombre d’entreprises de formation, le datadock ne sera qu’une reconnaissance de leur professionnalisme. Plus de 2 000 d’entre elles sont déjà engagées dans une démarche qualité reconnue par le Cnefop (dont 1 300 centres qualifiés OPQF), sur les 8 500 entreprises ayant la formation pour activité principale en France. Le décret du 30 juin 2015 prévoit que ces entreprises satisfont aux critères qualité. Leur enregistrement dans le datadock, qui rappelons-le n’est imposé ni par la loi ni par le décret, doit donc être le plus rapide possible.

Pour les entreprises de formation qui ne peuvent pas attester d’un label qualité reconnu par le Cnefop, le datadock sera une base de données sur laquelle ils devront produire les preuves qu’elles satisfont aux critères qualité du décret. C’est le sens du mécanisme alternatif qui vise à garantir l’ouverture du marché de la formation tout en s’assurant du professionnalisme des entreprises de formation.

Comment appréhendez-vous les critères, la procédure… ?

La formation professionnelle est un secteur économique concurrentiel. Les procédures qui ont un impact économique sur ce marché doivent reposer sur des critères clairs, objectifs et transparents. À ce stade, nous sommes loin d’en avoir les garanties. Les Opca ont décidé de définir 21 indicateurs et, pour chacun, des éléments de preuve à produire. Mais rien n’est précisé quant à la méthodologie de référencement ou à l’utilisation qui sera faite de ces données. Et puis datadock n’est qu’une base de données à partir de laquelle chaque financeur établira sa propre liste de référencement, et là encore aucune information n’est communiquée sur leurs modalités de décision.

En outre, nous nous interrogeons sur la complexité et la lourdeur du datadock. La surcharge administrative tue la qualité. Quel est le bilan coût/avantage des procédures mises en place ? Les entreprises de formation font déjà face à trop de dispositifs complexes qui freinent leur capacité d’investissement et d’innovation au détriment des apprenants.

Le réflexe du contrôle a priori est contre-productif, car il fige l’offre. Or notre environnement est en pleine mutation du fait des évolutions technologiques, économiques et sociales et des découvertes des neurosciences.

Prévoyez-vous un accompagnement particulier des adhérents FFP sur le remplissage du datadock ?

Si nous informons bien sûr régulièrement nos adhérents sur ce sujet, nous restons encore à ce stade en attente de précisions complémentaires de la part des financeurs. Nous espérons que la période de transition qui court jusqu’en juin 2017 permettra d’en savoir plus, tant sur la méthodologie de référencement que sur l’utilisation des données du datadock.

Une vingtaine de labels sont aujourd’hui reconnus par le Cnefop, que pensez-vous de cette multiplication ?

Le réel moyen de contribuer à la montée en gamme de notre secteur est de promouvoir et de valoriser les démarches qualité auprès de l’ensemble des entreprises de formation. C’est la raison pour laquelle la FFP a été à l’initiative de la création de l’OPQF en 1994, organisation indépendante de qualification qualité qui est accréditée par le Cofrac, et que nos statuts exigent de tous nos adhérents. Mais, depuis deux ans, nous alertons sur le fait que « trop de labels tuent le label ». En les multipliant, la liste du Cnefop met sur un pied d’égalité des démarches qualité qui engagent une réelle dynamique de professionnalisation et des certifications de simple conformité à la réglementation. Il faut au contraire valoriser les démarches qualité reconnues par la profession et qui ont fait leurs preuves, à savoir OPQF, NF et ISO.

Vous insistez aussi sur le professionnalisme des acheteurs de formation. Pourquoi ?

Parce que la réglementation n’a pas vocation à résoudre la question de la qualité en formation, qui est le fruit d’un écosystème, d’une alchimie complexe, associant l’entreprise de formation mais aussi l’apprenant, le financeur et le donneur d’ordres.

Mais si le professionnalisme de l’entreprise de formation est une condition indispensable, d’autres facteurs doivent être pris en compte tels que l’engagement de l’apprenant ou l’implication du manager.

Libérons l’offre de formation et dotons les bénéficiaires d’outils qui les rendent véritablement acteurs de leur investissement formation. Car ce sont eux les premiers évaluateurs de la qualité.

Auteur

  • L. G.